Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/229

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je ne te le suis. Pense que tu es maintenant mon maître, mon protecteur, mon père ; je te confie mes espérances et mes intérêts.

PHILOCRATE. C’est assez de recommandations. Serez-vous content si je mène à bien la mission dont vous me chargez ?

TYNDARE. Assurément.

PHILOCRATE. Je reviendrai après avoir rempli vos intentions (se tournant vers Hégion) et les vôtres. Est-ce tout ?

TYNDARE. Reviens au plus vite.

PHILOCRATE. Cela va de soi.

HÉGION. Suis-moi chez mon banquier, que je te donne de l’argent pour ta route. En même temps je prendrai un billet chez le préteur.

TYNDARE. Quel billet ?

HÉGION. Un billet qu’il montrera à nos troupes pour qu’on le laisse retourner chez lui. Quant à toi, rentre.

TYNDARE. Bon voyage !

PHILOCRATE. Bonne santé !

HÉGION, à part. Ma foi, j’ai fait une excellente affaire en achetant aux questeurs ces deux captifs. Voilà mon fils tiré de servitude, s’il plaît aux dieux. Quand je pense que j’ai hésité si longtemps avant de les prendre ! (A ses esclaves.) Gardez-le bien à la maison, esclaves ; qu’il ne fasse pas un pas sans être surveillé. Je reviens à l’instant. Je m’en vais chez mon frère voir mes autres captifs. Par la même occasion, je m’informerai s’il en est parmi eux qui connaissent ce jeune homme. (A Philocrate.) Suis-moi, que je te fasse partir ; c’est là le plus pressé.


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ACTE III.


SCÈNE I. — ERGASILE.


Malheureux l’homme qui cherche de quoi manger et ne trouve qu’à grand’peine ! plus malheureux celui qui s’extermine à chercher et ne trouve rien ! Mais le plus misérable de tous est celui qui a faim et n’a rien à mettre sous la dent. Oh ! la triste journée, et que volontiers je lui arracherais les yeux, si je pouvais, pour avoir rendu si cancres tous ceux à qui je m’adresse ! En a-t-on vu jamais une plus affamée, plus creuse, moins chan-