Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/260

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OLYMPION. Elle est à moi ; ainsi tu peux préparer la corde.

CHALINUS. À toi ! à un gueux qui sort de son fumier !

OLYMPION. Tu le verras. Et gare à toi ! car puissé-je crever, si je ne te tourmente pas de mille manières le jour de mes noces.

CHALINUS. Eh ! que me feras-tu donc ?

OLYMPION. Ce que je te ferai ? D’abord tu porteras la torche devant la nouvelle mariée, pour te faire voir que tu ne seras jamais qu’un drôle, un cancre bon à rien. Puis, quand tu viendras à la ferme, on te donnera une amphore, un broc, un chaudron, un bassin, huit tonneaux ; et si tout cela n’est pas toujours rempli jusqu’aux bords, je te chargerai d’étrivières. Je te courberai si bien en te faisant porter de l’eau, que tu pourras servir de croupière à mes chevaux. Après cela, si tu ne ronges le blé comme les souris, la terre comme les vers, tu pourras demander à manger ; mais, sur ma foi ! on n’aura jamais vu jeûne plus affamé que celui que je te ferai faire à la ferme. Enfin, quand tu auras le corps rompu et le ventre vide, j’aurai soin de te faire coucher d’une manière digne de toi.

CHALINUS. Que veux-tu dire ?

OLYMPION. Je t’enfermerai comme il faut dans quelque trou, d’où tu pourras m’entendre l’embrasser, et elle me dire : « Ma chère âme, mon Olympien, ma vie, mon mignon, ma joie, laisse-moi baiser tes petits yeux ; de grâce, laisse-toi caresser, mes chères délices, mon beau jour de fête, mon gentil tourtereau, ma colombe, mon petit lapin ! » Et tandis qu’on me prodiguera ces douceurs, toi, pendard, tu te démèneras comme un vieux rat dans le trou de la muraille. Mais de crainte qu’il ne te prenne fantaisie de me répondre, je rentre ; ton bavardage m’assomme.

CHALINUS. Je te suis. Par Pollux, tu ne feras rien dont je ne sois témoin.


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ACTE II.


SCÈNE I. — CLÉOSTRATE, PARDALISQUE.

CLÉOSTRATE, à ses esclaves. Scellez les buffets[1], et rapportez-moi mon anneau : je vais à deux pas, chez ma voisine. Si mon mari a besoin de moi, qu’on vienne m’appeler.

  1. Les anciens fermaient leurs meubles avec de la cire, sur laquelle ils mettaient l’empreinte de leur anneau.