ne peux rien obtenir, eh bien du moins je tirerai au sort et je vous battrai, toi et tes protecteurs.
CHALINUS. Bon, bon ! j’aurai la chance.
STALINON. Oui, la chance de périr sous les verges.
CHALINUS. Elle sera ma femme ; prenez-vous-y comme vous l’entendrez.
STALINON. Retire-toi de ma présence.
CHALINUS. Vous me voyez de mauvais œil, mais ce n’est pas cela qui m’empêchera de vivre. (Il sort.)
STALINON. Suis-je assez malheureux ? Tout ne tourne-t-il pas contre moi ? Je tremble que ma femme n’ait obtenu d’Olympion qu’il renoncerait à Casina. S’il en est ainsi, je suis un homme perdu. Si elle n’a rien gagné, eh bien ! le sort me laisse un peu d’espoir, et si la chance me trompe, je me précipiterai sur mon épée comme sur un bon oreiller… Mais voici Olympien, c’est à merveille.
OLYMPION, sortant de la maison, à Cléostrate. Sur mon âme, maltresse, faites-moi plutôt jeter dans un four ardent, et là, rôtissez-moi comme un biscuit ; car vous n’obtiendrez pas de moi ce que vous demandez.
STALINON, à part. Je suis sauvé, je puis tout espérer, d’après ce que j’entends.
OLYMPION. À quoi bon vouloir me faire peur en me parlant de ma liberté ? Quand vous ne le voudriez, ni vous ni votre fils, je puis, en dépit de vous deux, malgré vous, devenir libre pour quelques deniers.
STALINON. Qu’y a-t-il donc ? avec qui te querelles-tu, Olympion ?
OLYMPION. Avec celle qui vous cherche toujours dispute.
STALINON. Ma femme ?
OLYMPION. Elle, votre femme ! Bon, vous êtes comme le chasseur, vous vivez jour et nuit avec une chienne.
STALINON. Que veut-elle ? de quoi est-il question entre vous ?
OLYMPION. Elle me prie, elle me conjure de ne pas épouser Casina.
STALINON. Et que lui réponds-tu ?
OLYMPION. J’ai juré que je ne céderais pas même à Jupiter, s’il m’en faisait la demande.
STALINON. Que les dieux te conservent !