Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/379

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PÉRIPHANE, à part. Elle me nomme. Sans doute elle a besoin d’un asile. Eh bien, elle l’a trouvé.

PHILIPPA. Je récompenserais bien, si je le pouvais, celui qui me montrerait Périphane ou m’enseignerait sa demeure.

PÉRIPHANE. Je connais cette femme. Il me semble que je l’ai déjà vue ; mais je ne sais où. Est-ce ou n’est-ce pas celle que je m’imagine ?

PHILIPPA, apercevant Périphane. Grands dieux ! j’ai déjà vu cet homme.

PÉRIPHANE. C’est bien là cette pauvre fille à qui j’ai fait violence dans Épidaure…

PHILIPPA. Oh ! plus de doute, c’est celui qui m’a ravi mes premières faveurs.

PÉRIPHANE. Et qui a mis au jour la fille que j’ai maintenant chez moi.

PHILIPPA. Si je l’abordais ?

PÉRIPHANE. Faut-il lui parler ? si c’était elle !

PHILIPPA. Si ce n’est pas lui, car j’hésite après tant d’années…

PÉRIPHANE. Il y a si longtemps, que je ne suis pas bien sûr.... Si c’est elle, dans l’incertitude, abordons-la adroitement.

PHILIPPA. Ayons recours à toute la malice des femmes.

PÉRIPHANE. Je vais lui parler.

PHILIPPA. Je saurai quoi lui répondre.

PÉRIPHANE. Je vous souhaite le bonjour.

PHILIPPA. Je l’accepte pour moi et les miens.

PÉRIPHANE. Et après ?

PHILIPPA. Je vous le souhaite aussi ; je vous rends ce que vous m’avez prêté.

PÉRIPHANE. J’aime cette exactitude. Est-ce que je ne vous connais pas ?

PHILIPPA. Si je vous connais, je croirai que vous me connaissez.

PÉRIPHANE. Où vous ai-je vue ?

PHILIPPA. Ah ! voilà qui est trop fort.

PÉRIPHANE. Qu’est-ce donc ?

PHILIPPA. Vous voulez me faire l’interprète de votre mémoire.

PÉRIPHANE. Voilà qui s’appelle parler.

PHILIPPA. Vous m’étonnez, Périphane.

PÉRIPHANE. Voici qui est mieux. Vous rappelez-vous, Philippa…