feriez mieux de vous choisir un autre compagnon ; car à force de vous suivre mes pauvres genoux sont tout enflés.
PÉRIPHANE. Que de tours ne nous a-t-il pas faits aujourd’hui, à vous et à moi ! comme il a éventré ma bourse !
APÉCIDE. Ne m’en parlez plus ; c’est le fils de Vulcain en fureur ; tout ce qu’il touche, il le brûle ; pour peu qu’on s’approche, il vous rôtit.
ÉPIDIQUE, sortant de la maison de Périphane. Il arrive à mon aide douze fois plus de dieux qu’il n’y en a dans l’Olympe ; ils combattent avec moi. Malgré mes méfaits, j’ai à la maison des alliés et des appuis. Je foule aux pieds mes ennemis.
PÉRIPHANE. Où le chercher ?
APÉCIDE. Pourvu que ce soit sans moi, cherchez-le si vous voulez jusqu’au fond de la mer.
ÉPIDIQUE, à Périphane. Pourquoi me cherchez-vous ? pourquoi vous fatiguer ? pourquoi tourmenter Apécide ? Me voici. Ai-je pris la fuite ? me suis-je absenté de la maison ? me suis-je caché à vos regards ? Je ne vous demande pas grâce. Voulez-vous m’enchaîner ? Tenez, voici mes mains. Vous avez des courroies, je vous ai vus les acheter. Que tardez-vous ? liez.
PÉRIPHANE. Eh mais, c’est le pendard lui-même qui me provoque.
ÉPIDIQUE. Allons, liez-moi.
PÉRIPHANE. Oh ! l’abominable coquin !
ÉPIDIQUE. Quant à vous, Apécide, je me passerai de votre intercession.
APÉCIDE. Tu seras satisfait sans peine, Épidique.
ÉPIDIQUE, à Périphane. Eh bien, que faites-vous ?
PÉRIPHANE. Ce que tu veux, n’est-ce pas ?
ÉPIDIQUE. Oui, vraiment, ce que je veux, et non ce que vous voulez. Il vous faut lier ces mains à l’instant même.
PÉRIPHANE. Cela ne me plaît point ; je ne les lierai pas.
APÉCIDE. Il va vous lancer un de ses traits ; je ne sais quel piège il vous apprête.
ÉPIDIQUE. Vous perdez votre temps en me laissant en liberté ; liez, vous dis-je, liez.
PÉRIPHANE. J’aime mieux te laisser les mains libres pour t’interroger.
ÉPIDIQUE. Eh bien, vous ne saurez rien.
PÉRIPHANE. Que faire ?
APÉCIDE. Que faire ? contentez-le.
ÉPIDIQUE. Vous êtes un brave homme, Apécide.