Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/386

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PÉRIPHANE. Donne donc tes mains.

ÉPIDIQUE. Elles sont toutes prêtes, et serrez comme il faut, ne me ménagez pas.

PÉRIPHANE. Jugez-en tous les deux.

ÉPIDIQUE. Voilà qui va bien ; maintenant, questionnez-moi, demandez-moi ce que vous voulez.

PÉRIPHANE. D’abord, sur quelle assurance as-tu osé me dire que cette femme achetée avant-hier était ma fille ?

ÉPIDIQUE. Il m’a plu ainsi ; voilà mon assurance.

PÉRIPHANE. Vraiment ! il t’a plu ?

ÉPIDIQUE. Oui ; et gageons, si vous voulez, qu’elle est votre fille.

PÉRIPHANE. Quand sa mère refuse de la reconnaître !

ÉPIDIQUE. Si elle n’est pas fille de sa mère, mettez un talent contre une petite pièce.

PÉRIPHANE. Je vois le piège. Mais enfin quelle est cette femme ?

ÉPIDIQUE. La maitresse de votre fils, puisque vous voulez le savoir.

PÉRIPHANE. Ne t’avais-je pas donné trente mines pour racheter ma fille ?

ÉPIDIQUE. J’en conviens ; et avec cet argent j’ai acheté, au lieu de votre fille, cette joueuse de lyre qui est la maitresse de votre fils. Ainsi je vous ai attrapé ces trente mines.

PÉRIPHANE. Et ne m’as-tu pas trompé encore pour cette joueuse de lyre que tu avais louée ?

ÉPIDIQUE. Je le reconnais, et, à mon sens, j’ai fort bien fait.

PÉRIPHANE. Et qu’est devenu le dernier argent que je t’ai donné ?

ÉPIDIQUE. Je vais vous le dire. Je l’ai remis à un homme qui n’est ni bon ni méchant, à votre fils Stratippoclès.

PÉRIPHANE. Tu as eu le front de le lui donner ?

ÉPIDIQUE. C’était mon bon plaisir.

PÉRIPHANE. Coquin ! quelle insolence !

ÉPIDIQUE. On me fait encore des reproches comme à un esclave !

PÉRIPHANE. Tu es donc libre ? je m’en réjouis.

ÉPIDIQUE. J’ai mérité de l’être.

PÉRIPHANE. Toi ?

ÉPIDIQUE. Allez voir chez vous ; je vous ferai bien avouer que j’ai raison.

PÉRIPHANE. Qu’est-ce à dire ?