Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/407

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ÉROTIE. Par Pollux, Vénus a voulu que je vous honorasse entre tous, et vous le méritez bien : je dois à vos bienfaits toute ma prospérité.

MÉNECHME. Messénion, sur ma parole, voilà une femme qui est folle ou ivre, pour aborder si familièrement un inconnu.

MESSÉNION. Ne vous ai-je pas dit que c’était la mode ici ? Aujourd’hui les feuilles tombent ; si nous restons trois jours, ce sera le tour des arbres à tomber sur vous. Toutes les courtisanes de ce pays sont des sangsues pour la bourse. Mais laissez-moi lui parler. Hé ! la belle, un mot !

ÉROTIE. Qu’est-ce ?

MESSÉNION. Où l’avez-vous connu ?

ÉROTIE. Ici même, à Épidamne, et voilà bel âge qu’il a fait connaissance avec moi.

MESSÉNION. À Épidamne ? Eh! c’est la première fois aujourd’hui qu’il met le pied dans cette ville.

ÉROTIE. Vous vous moquez, mon cher Ménechme. De grâce, entrez, vous serez mieux.

MÉNECHME. Par ma foi, cette femme m’appelle tout juste par mon nom. Je ne sais ce que tout cela veut dire.

MESSÉNION. Elle a flairé la bourse que vous avez là.

MÉNECHME. L’avertissement est sage. Tiens, prends-la (il lui donne la bourse) : je vais voir si c’est moi ou si c’est ma bourse qu’elle aime le mieux.

ÉROTIE. Allons diner.

MÉNECHME. Bien obligé de l’aimable invitation.

ÉROTIE. Alors pourquoi m’avez-vous dit tout à l’heure de vous faire préparer à dîner ?

MÉNECHME. Moi, je vous ai dit cela ?

ÉROTIE. Oui, pour vous et pour votre parasite.

MÉNECHME. Quel parasite ? Cette femme a perdu le sens.

ÉROTIE. Péniculus.

MÉNECHME. Qu’est-ce que ce Péniculus ? sert-il à décrotter les souliers[1] ?

ÉROTIE. Celui qui vous accompagnait tantôt, quand vous m’avez apporté la mante dérobée à votre femme.

MÉNECHME. Que signifie ? Je vous ai donné une mante dérobée à ma femme ? êtes-vous folle ?… Elle rêve tout debout, comme les mulets.

  1. Voyez la note 1, p. 379.