dépêcherez de manger le diner en mon absence ; et puis vous viendrez à la porte, bien ivre, vous moquer de moi, la couronne sur la tête.
MÉNECHME. Eh ! je n’ai pas dîné d’aujourd’hui, et je n’ai pas mis le pied dans cette maison.
PÉNICULUS. Vous niez ?
MÉNECHME. Oui par ma foi, je nie.
PÉNICULUS. Quelle audace ! Je ne vous ai pas vu tout à l’heure ici devant la porte, couronné de fleurs, quand vous m’avez dit que j’avais le cerveau fêlé, que vous ne me connaissiez pas, et que vous étiez, vous, un étranger ?
MÉNECHME. Depuis que je t’ai quitté tantôt, voici seulement que je reviens.
PÉNICULUS. Je vous connais : vous croyiez que je n’avais pas de quoi me venger. Mais j’ai tout dit à votre femme.
MÉNECHME. Que lui as-tu dit ?
PÉNICULUS. Je ne sais, interrogez-la vous-même.
MÉNECHME. Qu’est-ce donc, ma femme ? que t’a-t-il raconté ? de quoi est-il question ? Tu te tais ? allons, dis ce qu’il y a.
LA FEMME. Comme si vous n’en saviez rien ! On m’a volé ma mante à la maison.
MÉNECHME. On t’a volé ta mante ?
LA FEMME. Vous me le demandez ?
MÉNECHME. Je ne te le demanderais pas, si je le savais.
PÉNICULUS. Le fourbe, comme il dissimule ! vous ne pouvez vous en cacher ; je sais tout de première main, et j’ai tout raconté de point en point.
MÉNECHME. De quoi s’agit-il ?
LA FEMME. Puisque vous n’avez pas de honte et que vous ne voulez pas avouer de bonne grâce, écoutez, prêtez bien l’oreille ; vous saurez pourquoi je suis triste et ce qu’il m’a dit : on m’a volé ma mante chez nous.
MÉNECHME. On t’a volé ta mante ?
PÉNICULUS. Voyez comme il fait le malin ! (À Ménechme.) Oui, c’est à elle qu’on l’a volée, et non à vous ; car assurément si c’était à vous qu’on l’eût volée, elle serait à présent en sûreté.
MÉNECHME. Je n’ai rien à démêler avec toi. (À sa femme) Mais toi, que dis-tu ?
LA FEMME. Je le répète, ma mante a disparu.
MÉNECHME. Qui l’a prise ?
LA FEMME. Par Pollux, celui qui l’a prise le sait mieux que personne.