Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/48

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AMPHITRYON. Sur mon âme, je n’ai rien donné ni rien dit. J’ai eu, il est vrai, et j’ai encore l’intention de vous faire ce présent ; mais qui vous l’a dit ?

ALCMÈNE. Vous-même, et j’ai reçu la coupe de votre main.

AMPHITRYON, à Alcmène qui se dispose à aller chercher la coupe. Attendez ; un moment, je vous prie. Je n’en reviens pas, Sosie : comment saurait-elle qu’on m’a donné là-bas une coupe d’or, si tu n’es venu la voir tantôt et si tu ne lui as tout conté ?

SOSIE. Par ma foi, je n’ai rien dit, et je ne l’ai pas vue sans vous.

AMPHITRYON. Drôle !

ALCMÈNE. Voulez-vous qu’on vous montre la coupe ?

AMPHITRYON. Oui sans doute.

ALCMÈNE. Eh bien, va, Thessala, et apporte la coupe dont mon mari m’a fait présent aujourd’hui.

AMPHITRYON, Viens de ce côté, Sosie. De tout ce qui me surprend ici, la plus grande merveille serait qu’elle eût en effet cette coupe.

SOSIE, montrant la cassette qu'il tient. Comment pouvez-vous le croire, puisque nous l’apportons dans cette cassette fermée de votre sceau ?

AMPHITRYON. Le sceau est-il intact ?

SOSIE. Voyez.

AMPHITRYON. Il est bien comme je l’ai mis.

SOSIE. Que ne la faites-vous traiter comme folle ?

AMPHITRYON. Elle en aurait bon besoin ; sa tête est pleine de visions.

ALCMÈNE. Tenez, qu’est-il besoin de tant de paroles ? la voici cette coupe.

AMPHITRYON. Voyons.

ALCMÈNE. Eh bien regarde, toi qui donnes de tels démentis à la vérité ; je veux te convaincre sans réplique. Est-ce bien là cette coupe que tu as reçue ?

AMPHITRYON. Grand Jupiter ! que vois-je ? C’est elle-même. Ah ! c’est fait de moi, Sosie.

SOSIE. Ou cette femme est la plus sorcière des sorcières, ou la coupe doit se trouver là dedans.

AMPHITRYON. Vite, ouvre la cassette !

SOSIE. À quoi bon ? le sceau est entier. Mais tout est dans l’ordre : vous avez pondu un autre Amphitryon, moi un autre Sosie ; si la coupe a pondu une autre coupe, eh bien, nous nous sommes tous doublés.