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ACTE II.

SCÈNE I. — LIBAN.

Allons, Liban, mon ami, c’est aujourd’hui qu’il faut avoir l’œil ouvert et inventer quelque stratagème pour se procurer cet argent. Voici déjà un bon moment que tu as quitté ton maître pour courir à la place et déployer ton adresse ; mais jusqu’ici tu as bravement dormi sans rien faire. Alerte ! secoue enfin ta paresse, sors de ta léthargie, rappelle ton vieux génie, il sait plus d’un tour. Sauve ton maître et ne fais pas comme les autres valets, qui n’ont d’industrie que pour piller les leurs. Mais où prendre ? qui duper ? où lancer le brûlot ? (Il regarde en l’air.) Ah ! heureux augure ! de tous côtés, des présages favorables. Le pivert et la corneille à gauche. Le corbeau à droite. Ils m’encouragent : oui, oui, je m’en rapporte à vous… Mais pourquoi ce pivert frappe-t-il du bec un ormeau ? Cela Signifie quelque chose. Ma foi, autant que je puis me connaître en présages, il y a des verges toutes prêtes, ou pour moi ou pour notre maître d’hôtel Sauréa… Eh ! Léonidas qui accourt à perte d’haleine ! mauvais pronostic pour le succès de ma ruse.

SCÈNE II. — LÉONIDAS, LIBAN.

LÉONIDAS, sans voir Liban. Où trouverai-je à présent Liban, ou bien le fils de la maison ? j’ai de quoi les rendre plus joyeux que la joie même. Quel riche butin, quel beau triomphe je viens leur apporter ! Ils boivent avec moi, nous courons les filles de compagnie ; il est bien juste que je partage avec eux la proie qui me tombe entre les mains.

LIBAN, à part. Le drôle a sans doute fait main basse dans quelque maison, selon sa coutume. Tant pis pour ceux qui gardent si mal leur porte !

LÉONIDAS. Je céderais même volontiers deux cents coups à prendre sur mes épaules, tout prêts à faire des petits.

LIBAN, à part. Il fait largesse de son pécule. Il porte sur son dos tout son trésor.