Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/132

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PHILÉMATIE. Donnez-en dix si vous le voulez ; je veux vous la céder à bon compte.

PHILOLACHÈS. Tu en as encore dix à moi : calcule. J’ai donné trente mines pour ta liberté.

PHILÉMATIE. Pourquoi me les reprocher ?

PHILOLACHÈS. Moi te les reprocher ! C’est à moi que je veux qu’on les reproche. Il y a longtemps que je n’ai fait un si bon placement.

PHILÉMATIE. Et moi, assurément, je n’ai pu mieux placer mon amour qu’en vous aimant.

PHILOLACHÈS. Eh bien, nos comptes se trouvent donc en balance exacte. Tu m’aimes, je t’aime, et nous croyons avoir raison tous les deux. Que ceux qui se réjouissent de notre bonheur soient aussi de leur côté éternellement heureux. Que ceux qui en sont jaloux n’aient jamais rien qui puisse faire envie à personne.

PHILÉMATIE. Allons, prenez place… Esclave, de l’eau pour les mains ; avancez une table. Regardez où sont les dés. (À Philolachès.) Voulez-vous des parfums ?

PHILOLACHÈS. A quoi bon ? ne suis-je pas à côté du myrte ? Mais n’est-ce pas mon ami qui vient de ce côté avec sa maîtresse ? C’est lui. Callidamate s’avance avec sa belle ; à merveille, ma chère, nos troupes se rassemblent. Les voici, ils viennent prendre part au festin.



SCÈNE IV. — CALLIDAMATE, DELPHIUM, PHILOLACHÈS, PHILÉMATIE.


CALLIDAMATE, à un esclave. J’entends qu’on vienne me chercher de bonne heure chez Philolachès. Écoute-moi donc, hé ! c’est à toi que je parle… Je me suis esquivé de l’endroit où j’étais ; repas, conversation, j’en avais jusqu’aux yeux. A présent, j’irai faire bombance chez Philolachès, la gaieté et la bonne chère nous y feront accueil. (À Delphium.) Est-ce que j’ai l’air, ma petite mère, de m’être rafraîchi ?

DELPHIUM. Vous êtes comme vous devriez être toujours.

CALLIDAMATE. Veux-tu que je t’embrasse ? et toi-même, ne veux-tu pas m’embrasser ?

DELPHIUM. Si cela vous fait plaisir, je le veux bien.

CALLIDAMATE. Tu es une bonne fille. Conduis-moi, je te prie.

DELPHIUM. Prenez garde de tomber, tenez-vous.

CALLIDAMATE. Oh ! tu es la prunelle de mes yeux, et moi je suis ton poupon, ma douce amie.