Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/150

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TRANION. N’ayez donc pas l’air de le railler, d’être trop joyeux, ne parlez pas de notre marché.

THEUROPIDE. J’entends, le conseil est bon, et je vois que tu as un excellent ; cœur. (À Simon.) Eh bien ?

SIMON. Entrez, examinez tout à loisir, à votre aise.

THEUROPIDE. Vous êtes trop aimable.

SIMON. Enchanté de vous obliger.

TRANION, à Theuropide. Voyez-vous ce vestibule devant la maison ? et ce promenoir, comment le trouvez-vous ?

THEUROPIDE. Magnifique, ma foi.

TRANION. Tenez, regardez, quels battants de porte ! quelle solidité, quelle épaisseur !

THEUROPIDE. Je n’en ai jamais vu de plus beaux.

SIMON. Je les avais payés assez cher pour cela dans le temps.

TRANION, bas à Theuropide. Entendez-vous ? je les avais ! On voit qu’il a peine à retenir ses larmes.

THEUROPIDE, à Simon. Combien les aviez-vous achetés ?

SIMON. Trois mines les deux, et le transport en sus.

THEUROPIDE. Eh mais, ils sont en bien plus mauvais état que que je n’avais cru au premier coup d’œil.

TRANION. Comment donc ?

THEUROPIDE. Ils sont tous les deux rongés des vers par le bas.

TRANION. Ils n’auront pas été coupés au bon moment, c’est ce qui leur nuit : mais ils seraient fort bon ? encore, avec une couche de poix. Ce n’est pas, un mangeur de bouillie[1], un ouvrier barbare, qui a taillé cela. Et les jointures, les voyez-vous ?

THEUROPIDE. Oui.

TRANION. Regardez comme cela s’embrasse.

THEUROPIDE. Cela s’embrasse ?

TRANION. Je voulais dire, cela s’emboîte. Eh bien,, êtes-vous satisfait ?

THEUROPIDE. Plus j’examine chaque chose, plus je suis content.

TRANION. Voyez-vous cette peinture où une corneille se loue de deux vautours ? Elle se presse sur ses deux pattes, et donne tour à tour des coups de bec à chaque vautour. Tenez, regardez de mon côté pour voir la corneille. Y êtes-vous ?

THEUROPIDE. Non ma foi, je n’aperçois pas l’ombre d’une corneille.

  1. Un Romain.