Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/217

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MILPHION. Pour moi, ma foi.

AGORASTOCLÈS. Non, pour moi.

MILPHION. J’aimerais mieux cela. Mais que me voulez-vous ?

AGORASTOCLÈS. A quoi bon te mentir ? J’aime à la folie.

MILPHION. Mes épaules en savent quelque chose.

AGORASTOCLÈS. Je veux parler de notre voisine, mon Adelphasie, l’aînée des deux filles qui restent chez ce marchand.

MILPHION. Il y a bel âge que vous me l’avez dit.

AGORASTOCLÈS. Je me consume de désirs pour elle ; mais il n’y a pas de fange plus fangeuse que cet entremetteur de Lycus, son maître.

MILPHION. Voulez-vous lui faire un cadeau pire que la peste ?

AGORASTOCLÈS. De grand cœur.

MILPHION. Alors donnez-moi à lui.

AGORASTOCLÈS. Va te pendre.

MILPHION. Répondez-moi sérieusement : voulez-vous lui faire un cadeau pire que la peste ?

AGORASTOCLÈS. De grand cœur.

MILPHION. Eh bien, donnez-moi encore à lui, je ferai en sorte qu’il ait tout à la fois le cadeau et la peste.

AGORASTOCLÈS. Tu badines.

MILPHION. Voulez-vous qu’aujourd’hui même, sans bourse délier, la mignonne devienne votre affranchie ?

AGORASTOCLÈS. De grand cœur, Milphion.

MILPHION. Je m’en charge. Vous avez au logis trois cents philippes.

AGORASTOCLÈS. Et même six cents.

MILPHION. C’est assez de trois cents.

AGORASTOCLÈS. Que veux-tu faire ?

MILPHION. C’est bon. Je vous ferai cadeau aujourd’hui de l’entremetteur, de la tête aux pieds, et de tous ses gens.

AGORASTOCLÈS. Que veux-tu faire ?

MILPHION. Vous allez le savoir. Votre fermier Collybiscus est en ce moment à la ville. Notre coquin ne le connaîtra pas. Comprenez-vous ?

AGORASTOCLÈS. Oui, je comprends, mais je ne vois pas où tu veux en venir.

MILPHION. Vous ne voyez pas ?

AGORASTOCLÈS. Non ma foi.

MILPHION. Eh bien, je vais vous faire voir. On lui donnera de l’argent, il le portera chez notre homme, il se donnera pour un étranger qui arrive d’une autre ville ; il dira qu’il veut faire l’amour, prendre du bon temps, qu’il lui faut un endroit où il ait ses coudées franches et puisse faire ses fredaines en cachette, sans témoin. L’entremetteur, qui aime les espèces, le recevra bien vite chez lui ; il cachera l’homme et l’argent.