Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/286

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bonne conduite, dans les mauvaises affaires, diminue le mal de moitié.

SIMON. Je suivrai votre conseil.

PSEUDOLUS, à part. On vient à toi, Pseudolus : prépare ce que tu dois dire au vieillard. (Haut.) Salut à mon maître d’abord, c’est de toute justice ; s’il en reste, ce sera pour les voisins.

SIMON. Bonjour ; comment va ?

PSEUDOLUS. Comme vous voyez.

SIMON. Regardez un peu, Calliphon, la posture du drôle ! on dirait d’un roi.

CALLIPHON. Il a l’air de se tenir comme il faut et avec assurance.

PSEUDOLUS. Il sied à un esclave innocent et sans reproche de se montrer fier, surtout devant son maître.

CALLIPHON. Nous voulons nous renseigner auprès de toi sur une chose que nous ne connaissons que comme à travers un nuage et par ouï-dire.

SIMON. Il manœuvrera si bien de la langue que vous ne croirez pas causer avec Pseudolus, mais avec Socrate.

PSEUDOLUS. C’est cela : il y a longtemps que vous avez mauvaise opinion de moi, je le vois bien ; je sais que je ne suis pas trop bien dans vos papiers : vous voulez que je sois un drôle, je n’en serai pas moins un brave homme.

SIMON. Ouvre tes oreilles toutes grandes, Pseudolus, que mes paroles puissent s’y loger comme je veux.

PSEUDOLUS. Soit, dites ce que vous voudrez, quoique je ne sois pas trop content de vous.

SIMON. Toi ! un esclave mécontent de son maître !

PSEUDOLUS. Cela vous étonne ?

SIMON. Oui, ma foi ; à t’entendre, il me faudrait craindre ta colère. Tu songes à me fustiger plus vertement que je n’en use d’ordinaire avec toi.(A Calliphon.) Qu’en dites-vous ?

CALLIPHON. Par Pollux, il me semble qu’il a raison d’être fâché de vous voir si peu de confiance en lui.

SIMON. Qu’il soit fâché, je le veux bien ; mais j’aurai soin qu’il ne fasse pas de mal. (A Pseudolus.) Ah çà ! et ce que je voulais te demander ?

PSEUDOLUS. Demandez-moi ce que vous voudrez ; si je le sais, prenez que la réponse vient de Delphes.

SIMON. Attention donc, et souviens-toi de ta promesse. Çà, sais-tu que mon fils est amoureux d’une joueuse de flûte ?

PSEUDOLUS. Assurément.