DINARQUE. Je ne peux pas prendre ma part de provisions qui me coûtent une mine ?
ASTAPHIE. Si vous vouliez votre part, il fallait emporter la moitié chez vous. Ici les comptes de recette se tiennent comme à l’Achéron ; nous recevons ce qui entre, et ce qui est reçu ne sort plus. Bonjour.
DINARQUE. Reste.
ASTAPHIE. Voyons, lâchez-moi.
DINARQUE. Laisse-moi entrer.
ASTAPHIE. Oui, chez vous.
DINARQUE. Non pas, chez vous, ici.
ASTAPHIE. Cela ne se peut.
DINARQUE. Cela se peut fort bien. Permets que j’essaye.
ASTAPHIE. Non, attendez ; ce serait de la violence. Je lui dirai que vous êtes là, si elle peut vous recevoir.
DINARQUE. Reste donc, hé ?
ASTAPHIE. C’est comme si vous chantiez.
DINARQUE. Reviendras-tu, ou non ?
ASTAPHIE. Je le voudrais ; mais je suis appelée par celle qui a sur moi plus d’autorité que vous.
DINARQUE. Un seul mot : me laisses-tu entrer ?
ASTAPHIE. Vous êtes un menteur, vous annoncez un mot, vous en dites trois, et ils ne sont pas vrais. (Elle s’en va.)
DINARQUE. La voilà partie, rentrée ; et j’endurerai qu’on me traite de la sorte ! Attends, sorcière, je vais te faire un beau tapage dans la rue, pour avoir, en dépit de la loi, reçu de l’argent de plusieurs mains. Je donnerai ton nom à tous les magistrats, et après cela je te poursuivrai pour que tu rendes le quadruple, empoisonneuse, voleuse d’enfants : oui, je découvrirai toutes tes turpitudes… Ah ! quel vaurien je fais ! j’ai dépensé tout ce que j’avais, et maintenant j’ai toute honte bue, et peu m’importe désormais de quels souliers je me chausse… Mais à quoi bon crier ici ? Et si elle me faisait entrer ? Non, elle y consentirait, que je jurerais formellement de n’en rien faire. Chansons ! frappez l’aiguillon à coups de poings, ce sont vos mains qui en pâtissent. Il ne sert de rien de s’emporter contre qui vous méprise… Mais qu’est-ce-ci ? Dieux immortels, j’aperçois le vieux Calliclès, mon ex-beau-père ; il amène deux femmes enchaînées, la coiffeuse de celle-ci et sa propre servante. Je tremble ; je n’avais qu’un seul souci dans le cœur, mais j’ai grand’peur que les anciennes fredaines ne se découvrent.