Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 2.djvu/83

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nez. Enfin je suis né dans Éphèse, et non pas en Apulie ou en Ombrie.

PLEUSIDE. O l’aimable vieillard, s’il a toutes les qualités qu’il dit ! En vérité, Vénus a été sa nourrice.

PÉRIPLECTOMÈNE. Vous trouverez en moi plus de grâce encore que je ne me vante d’en avoir. A table, je ne criaille pas sur la politique, je ne pérore pas sur les lois ; jamais dans un festin je ne caresse la maîtresse d’autrui ; je ne prends pas le plat ou le verre avant les autres, et jamais le vin ne me fait exciter une querelle au milieu du souper. S’il s’y trouve quelqu’un qui m’ennuie, je rentre chez moi, je renonce à la causerie. A table, je ne cultive que Vénus, l’amour et la politesse.

PLEUSIDE. En vérité, toutes vos manières sont pleines de charme. Trouvez-moi trois personnes de ce tempérament, je les paye leur pesant d’or.

PALESTRION. Pour son âge, vous ne rencontrerez pas un homme plus galant en toute chose, ni plus dévoué à un ami.

PÉRIPLECTOMÈNE. Je vous ferai convenir que je suis un jeune homme pour le caractère, tant vous me verrez, en toute occasion, empressé à vous servir. Avez-vous besoin pour vous aider d’un homme sévère, emporté ? me voici. D’un esprit plein de douceur ? vous me trouverez plus doux que la mer dans ses jours de silence, plus paisible que l’haleine du zéphyr. Au besoin vous aurez en moi le plus jovial des convives, le premier des parasites, le plus habile ordonnateur de repas : pour la danse, il n’y a pas d’efféminé plus lascif que moi.

PALESTRION, à Pleuside. Avec tant de qualités, que souhaiteriez-vous encore, si vous aviez le choix ?

PLEUSIDE. De pouvoir prouver ma reconnaissance, et à lui et à toi, d’une manière égale a vos bienfaits, car je vois combien mes intérêts vous tiennent au cœur. (A Périplectomène.) Mais je suis honteux de vous causer tant de dépense.

PÉRIPLECTOMÈNE. Quelle folie ! Dépenser pour une méchante femme ou pour un ennemi, voilà une dépense ; mais avec un bon hôte, un bon ami, autant de dépensé, autant de gagné ; l’argent des sacrifices est aussi un gain pour le sage. Grâce aux dieux, je suis en état de faire fête à un hôte qui passe. Mangez, buvez, régalez-vous avec moi, faites provision de gaieté. Ma maison est libre, je suis libre moi-même, je veux jouir librement. Grâce aux dieux, avec ma fortune, j’aurais pu épouser une grosse dot, une fille de grande maison : mais je n’ai garde d’introduire chez moi une chienne qui aboierait sans cesse.