Page:Pline l'ancien - Histoire naturelle, Littré, T2 - 1850.djvu/508

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des dauphins, des cétacés et des chevaux marins ; 14 les Tritons, le cortége de Phorcus, des baleines23 et beaucoup d’autres figures marines toutes d’une même main ; ouvrage admirable, quand même il eût occupé la vie entière de l’artiste. Outre les ouvrages susdits et ceux que nous ne connaissons pas, il y a encore de lui un Mars colossal, assis, dans le temple de Brutus Callaïcus (vainqueur de la Gallicie), auprès du même cirque ; de plus, dans le même endroit, une Vénus nue antérieure à celle de Praxitèle, et qui ferait la gloire de tout autre lieu.

15 À Rome, il est vrai, elle est effacée par la multitude24 des ouvrages ; et de grandes masses de devoirs et d’affaires détournent chacun d’une telle contemplation. En effet, l’admiration de l’art demande le loisir et un lieu profondément silencieux. C’est par une raison de ce genre qu’on ignore l’auteur de cette Vénus consacrée par l’empereur Vespasien dans son temple de la Paix, et digne de la réputation des anciens temps. 16 Même hésitation au sujet du groupe dans le temple d’Apollon Sosien, les enfants mourants de Niobé25 : est-il de Scopas ou de Praxitèle ? De même la statue de Janus consacrée dans le temple de ce dieu par Auguste et apportée d’Égypte, duquel de ces deux artistes est-elle ? Au reste, désormais l’or la recouvre. On se fait la même question sur le Cupidon tenant un foudre, dans la curie d’Octavie (XXXV, 37) : la seule chose qu’on affirme, c’est qu’il est le portrait d’Alcibiade, le plus beau des Athéniens à cet âge. 17 Il y a dans ces écoles d’Octavie beaucoup d’ouvrages qui plaisent, quoique les auteurs en soient inconnus : quatre Satyres ; l’un porte sur ses épaules26 Bacchus revêtu de la palla (robe) ; l’autre porte semblablement la déesse Libera ; le troisième empêche un enfant de pleurer ; le quatrième donne à boire à un autre enfant dans une coupe ; et deux Zéphyres encore qui de leur souffle gonflent leurs vêtements. On n’est pas moins incertain sur les auteurs des figures placées dans les Clôtures [du champ de Mars], Olympus et Pan, Chiron et Achille ; et pourtant la renommée les juge assez belles pour que les gardiens en répondent sur la vie.

18 Scopas eut pour contemporains et pour rivaux Bryaxis, Timothée et Léocharès, desquels il faut parler en même temps, parce qu’ils ont travaillé ensemble au Mausolée27 : on appelle ainsi le tombeau érigé par Artémise à son mari Mausole, petit roi de Carie, mort l’an deux de la cent-sixième olympiade. C’est surtout grâce à ces artistes que cet ouvrage est compté entre les sept merveilles. Il a au midi et au nord soixante-trois pieds ; les fronts sont moins étendus. Le circuit est en tout de quatre cent onze pieds28 ; la hauteur est de vingt-cinq coudées. Il est entouré de trente-six colonnes. On l’a nommé Ptéron29. 19 Le côté du levant a été travaille par Scopas ; celui du nord par Bryaxis ; du midi, par Timothée ; du couchant, par Léocharès. Avant l’achèvement, la reine mourut30 ; mais les artistes ne quittèrent pas leur ouvrage avant de l’avoir terminé, pensant que c’était là un monument de leur gloire et de celle de l’art. Aujourd’hui encore ces artistes se disputent la palme. Un cinquième y a aussi coopéré. Au-dessus de Ptéron est31 une pyramide aussi haute que l’édifice inférieur. Formée de vingt-quatre degrés en retraite, elle se termine par une plate-forme où est un quadrige de marbre fait par Pythis.