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venait que d’Arable; elles sont d’un blanc admirable.

2 On fait encore grand cas de deux pierres de nature contraire : la coralitique, trouvée en Asie, en blocs de deux coudées au plus, est d’un blanc approchant de l’ivoire, et a quelque ressemblance avec cette substance ; l’alabandique, au contraire, est noire ; elle est ainsi nommée du lieu qui la produit, quoiqu’il en vienne aussi à Milet : elle est d’un noir tirant sur le pourpre. Fusible au feu, elle est employée dans la composition du verre. La pierre thébaïque, parsemée de gouttes d’or, se trouve dans la partie de l’Afrique appartenant à l’Égypte; les molettes qu’elle fournit sont, par leurs qualités physiques, très propres à broyer les ingrédients des collyres. Aux environs de Syène de la Thébaïde est la pierre syénite, qu’on nommait autrefois pyrrhopoecile.

XIV

1 Les rois ont comme à l’envi fait avec cette pierre des espèces de soliveaux qu’ils ont appelés obélisques, et consacrés à la divinité du Soleil. En effet, ces obélisques représentent les rayons de l’astre, et c’est aussi ce qu’exprime le nom égyptien.

2 Le premier de tous, Mesphrès, qui régnait dans la ville du Soleil, éleva un pareil monument ; ce fut sur l’ordre d’un songe : cela même est écrit sur l’obélisque; car les gravures et les figures que nous y voyons sont des lettres égyptiennes.

3 Puis d’autres rois en firent tailler : de ces obélisques, Sothis en dressa dans la même ville quatre, hauts de quarante-huit coudées ; Rhamsès, celui qui régnait à l’époque de la prise de Troie, un de cent quarante coudées. Le même prince, ayant quitté le lieu où était le palais de Mnévis, érigea un autre obélisque haut de cent vingt coudées, mais dune grosseur prodigieuse, les faces ayant onze coudées. (IX.) On dit que cent vingt mille hommes furent employés à ce travail.

4 Quand il s’agit de dresser l’obélisque, le roi, craignant qu’on n’employât pas des machines assez fortes pour le poids, et voulant accroître le péril pour accroître la vigilance des ingénieurs, fit attacher son propre fils au sommet, afin que le salut du prince profitât en même temps à la pierre. Ce monument a toujours excité l’admiration, et quand le roi Cambyse força la ville, les incendies étant arrivés jusqu’au pied de l’obélisque, ce prince ordonna de les éteindre, et eut pour cette masse énorme des égards qu’il n’avait pas eus pour la ville.

5 Il y a encore deux autres obélisques érigés l’un par Zmarrès, l’autre par Raphius, sans caractères inscrits, et hauts de quarante-huit coudées. Ptolémée Philadelphe en érigea un de quatre-vingts coudées à Alexandrie ; le roi Necthébis l’avait fait tailler sans caractères inscrits, et c’était une opération bien plus difficile de le transporter et de le dresser, que de le tailler. Quelques- uns rapportent qu’il fut amené sur un radeau par l’architecte Satyrus ; Cailixenus dit qu’il le fut par Phoenix.

6 On amena par un canal le Nil jusqu’à l’obélisque couché ; deux bateau : larges, portant en blocs d’un pied de la même pierre que l’obélisque, un chargement double de sa masse, et par conséquent de son poids, furent conduits sous le monument, qui reposait par ses deux extrémités sur les deux rives du canal ; puis on ôta les blocs de pierre : les deux bateaux se relevèrent, et se chargèrent du fardeau qui leur était destiné.

7 On le posa sur six dés taillés dans la même mon-