Page:Pline l'ancien - Histoire naturelle, Littré, T2 - 1850.djvu/523

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mes, qui envoie des lois aux contrées étrangères, et qui fait pour ainsi dire partie des dieux immortels à l’égard du genre humain, le voilà suspendu dans une machine, et applaudissant au péril même qu’il court ! Quel mépris est-ce là pour la vie des hommes ! Pourquoi se plaindre de la journée de Cannes ? Quelle catastrophe pouvait arriver ! Que des villes soient englouties par la terre s’entr'ouvrant, c’est une calamité douloureuse pour l’humanité entière ; et voici que tout le peuple romain, embarqué pour ainsi dire sur deux navires, et porté sur deux pivots ! il assiste au spectacle de son propre danger, près de périr en un moment, si le mécanisme se dérange !

16 C’est donc pour avoir le droit de secouer les tribus suspendues, que le tribun cherche dans ses discours la faveur populaire ? Aux Rostres, que n’osera-t-il pas auprès de ceux à qui il a pu persuader de venir à son théâtre ? À vrai dire, dans les jeux funèbres don-nés sur le tombeau de son père, c’est le peuple romain tout entier qu’il a fait combattre. Les pivots étaient fatigués et dérangés, il varia sa munificence. Le dernier jour, gardant la forme d’amphithéâtre, et coupant l’espace en deux scènes par le milieu, il fit paraître des athlètes ; puis, la séparation ayant été enlevée tout à coup de chaque côté, il fit combattre ceux de ses gladiateurs qui avaient été victorieux. Et pourtant Curion n’était ni roi, ni chef de nation, ni même remarquable pour son opulence, lui qui n’eut d’autre fortune que la discorde des grands.

17 Mais venons à des merveilles que rien ne surpasse aux yeux d’un juste appréciateur. Q. Martis Rex, chargé par le sénat de réparer les conduits des eaux Appia, Anio et Tépula, ajouta, durant sa préture même, une nouvelle eau qui porte son nom (XXXI, 24), et pour laquelle il fit percer des montagnes. Agrippa, dans son édilité (XXXI, 24), y joignit l’eau Vierge, réunit et restaura les anciens canaux, fit sept cents abreuvoirs, cent cinq fontaines jaillissantes, cent trente réservoirs, la plupart magnifiquement ornés. Sur toutes ces constructions il plaça trois cents statues d’airain ou de marbre, quatre cents colonnes de marbre, et tout cela en un an. Il ajoute lui-même, dans la commémoration de son édilité, que des jeux de cinquante-neuf jours furent célébrés, et que cent soixante-dix bains gratuits furent ouverts. Depuis, le nombre à Rome s’en est augmenté à l’infini.

18 Les aqueducs précédents ont été surpassés par le dernier travail que commença Caligula et que Claude acheva. En effet, les sources Curtia, Caerulea et Nouvel-Anio, furent amenées d’une distance de quarante milles à une telle hauteur, qu’elles fournissent de l’eau à toutes les collines de la ville. Ces constructions ont coûté 55,500,000 sesterces (11,655,000 fr.). Si l’on fait attention à la quantité d’eau livrée au public pour les bains, pour les piscines, pour les maisons, pour les euripes, pour les jardins, les faubourgs, les maisons de campagne ; si l’on calcule le trajet parcouru, les arcades construites, les montagnes percées, les vallées comblées, on avouera que rien n’est plus admirable dans l’univers entier.

19 Au nombre des travaux les plus mémorables, je rangerai une autre entreprise du même Claude, bien qu’elle ait été abandonnée à cause de la haine que lui portait son successeur : je veux parler du percement de la montagne pour vider