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On fait avec cette poudre les meilleurs dentifrices. D’après Théophraste, les buveurs qui vont faire assaut prennent auparavant de cette poudre. mais ils courent des danger s’ils ne s’emplissent de vin tout à la fois : cette substance a une telle vertu réfrigérante, que, jetée dans une cuve qui fermente, elle fait cesser la fermentation.

XLIII

XXII.
Les auteurs se sont occupés des pierres propres à faire des mortiers, sans se borner même aux mortiers dans lesquels on pile les substances médicinales ou les couleurs. Pour cet usage ils ont mis au premier rang la pierre étesienne ; au second, la pierre thebaïque que nous avons nommée pyrrhopoecile (XXXVI, 12), et que quelques-uns appellent piaronium ; au troisième rang, la pierre chrysite, qui tient de la pierre ctalazienne : mais les médecins préfèrent la pierre basamite ; en effet, cette pierre ne rend rien. Quant aux pierres qui rendent un suc, on les regarde comme bonnes pour les compositions ophtalmiques ; et c’est la raison qui fait surtout rechercher la pierre d Éthiopie pour ces compositions.

2 On assure que la pierre ténarienne, la pierre punique et l’hématite, améliorent les compositions dans lesquelles entre le safran ; que le suc rendu par une autre pierre ténarienne qui est noire, et par la pierre de Paros, ne convient pas aussi bien à la médecine ; que le suc qui vient de l’alabastrite égyptien ou de l’ophite blanc est préférable. C’est l’espèce d’ophite avec laquelle on fait des vases et même des barils.

XLIV

1 L’île de Siphnos produit une pierre qu’on creuse et qu’on tourne pour en faire des ustensiles propres soit à cuire, soit à servir maux tombent dans les puits d’extraction, la moelle de leurs os se transforme en pierre spéculaire au bout d’un hiver. On trouve parfois aussi de la plerre spéculaire noire. Mais la blanche a la propriété merveilleuse de résister, tout en étant d’une mollesse connue, à l’action du soleil et du froid. Le temps ne la dégrade pas, comme beau-coup de matériaux ; elle n’a à craindre que les accidents. On a trouvé un usage pour les rognures : on en parsème le grand Cirque à l’époque des jeux, pour lui donner une blancheur agréable.

XLVI

1 Sous le règne de Néron, on trouva en Cappadoce une pierre de la dureté du marbre, blanche, et transparente même là où des veines rousses se rencontraient ; ce qui la fit nommer pheugite. Néron reconstruisit avec cette pierre le temple de la Fortune nommé Séla (XVI, 2, 2 ), temple qui avait été consacré par le roi Servius, et qu’il renferma dans sa maison dorée (XXXVI, 24, 8). Là, même les ouvertures fermées, on avait pendant le jour la clarté du dehors ; non toutefois de la même manière qu’avec la pierre spéculaire, la lumière paraissant non pas transmise, mais renfermée. Il y a aussi en Arabie, au dire de Juba, une pierre diaphane comme le verre, qu’on emploie en guise de pierre spéculaire.

XLVII

1 Passons maintenant aux pierres dont les ouvriers se servent, et commençons par la pierre à aiguiser le fer. Celle-ci est de plusieurs sortes : la crétoise eut longtemps le plus grand renom ; puis vint celle de la Laconie, tirée du mont Taygète, toutes deux ayant besoin d’huile. Quant à celles dont on se sert avec l’eau, le premier rang appartenait à la pierre de Naxos, le second à celle d’Arménie; nous avons parlé de l’une et de l’autre (XXXVI, 10). Celle de Cilicie et excellente, tant a l’eau qu’a l’huile; celle d' Arsinoé (V, 35; V, 22), à l’eau seulement. On en a trouvé en Italie qui à l’eau affilent parfaitement le tranchant. Les contrées d’au delà des Alpes en fournissent aussi : on les nomme passernices Au quatrième rang sont celles qui mordent sur le fer avec la salive de l’homme; on s’en sert dans les boutiques des barbiers, mais elles n’ont guère d’autre emploi, à cause de la facilité avec laquelle elles se brisent : en ce genre, les laminitanes (III, 2, 1) de l’Espagne ultérieure sont les meilleures.

XLVIII

1 Parmi le grand nombre des pierres qui restent est le tuf. Il ne convient pas aux constructions, parce qu’il est mou et peu durable. Ce pendant il est des localités qui n’ont pas d’autres matériaux, par exemple Carthage en Afrique. L’air de la mer le ronge, le vent l’emporte en poussière, la pluie le dégrade ; mais l’industrie protége les murailles avec la pois ; un enduit de chaux les corroderait ; de la ce bon mot : Les Carthaginois se servent de la poix pour leurs maisons et de la chaux pour leurs vins (XIV, 21). En effet, c’est avec cette dernière substance qu’ils les adoucissent. Autour de Rome on trouve d’autres pierres molles, dans les cantons de Fidènes et d’Albe. En Ombrie aussi et en Vénétie se trouve une pierre blanche que l’on coupe avec la scie à dents. Ces pierres, faciles à travailler, sont aussi de durée, pourvu qu’elles soient à couvert. La pluie, la gelée, les brouillards les font tomber par morceaux ; elles ne résistent pas non plus à l’humidité et à l’air de la mer. La pierre de Tibur supporte tout, excepté la grande chaleur, qui la fait éclater.

XLIX

1 Le silex noir est généralement le meilleur. Cependant en quelques localités, c’est le silex rougeâtre, et dans quelques autres le silex blanc, par exemple aux enviions de Tarquinies,