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le feu, le fer est produit et dompté ; par le feu, l’or est purifié ; par le feu est calcinée la pierre qui va, en ciment, assurer la solidité de nos demeures. Certaines matières doivent être soumises plus d’une fois à son action ; et la même substance qui donne un produit à la première cuite en donne un différent à la seconde, et un troisième à la troisième (XXXIV, 47). Le charbon, c’est après avoir passé par le feu, après avoir été éteint, qu’il commence à avoir de la force, puissant surtout alors qu’on le croit mort. Immense et fallacieuse portion de la nature, et de laquelle on ne sait si elle ne crée pas plus qu’elle ne détruit !

LXIX

1 Les feux ont aussi une vertu médicinale. Dans les maladies pestilentielles qui proviennent de l’obscurcissement du soleil, il est certain que des feux allumés sont d’un se-cours très varié : Empédocle et Hippocrate l’ont prouvé dans divers lieux. Le feu soulage dans les convulsions ou les contusions des viscères, d’après M. Varron ; je le citerai textuellement : "La lessive, dit-il, est la cendre du foyer. Or, cette cendre prise intérieurement remédie aux mauvais coups ; on le voit chez les gladiateurs, qui, les jeux finis, se réconfortent par ce breuvage."

2 Le charbon, genre de maladie qui a emporté récemment, comme nous l’avons dit (XXVI, 4), deux personnages consulaires, se guérit avec du charbon de chêne, broyé dans du miel. Tant il est vrai que des choses de rebut et déjà nulles pour ainsi dire renferment encore quelques remèdes, témoin le charbon, témoin la cendre !

LXX

1 Je n’omettrai pas non plus un fait unique, relatif au foyer, et célèbre dans l’histoire romaine. Sous le règne de Tarquin l’Ancien, on rapporte que tout à coup dans son foyer apparurent des parties génitales mâles en cendre : que la servante de la reine Tanaquil, la captive Ocrisie, qui était assise là, se leva enceinte, et qu’elle mit au monde Servius Tullius, successeur de Tarquin. On ajoute que, étant au berceau dans le palais, la tête de l’enfant parut au jour tout en flamme, et qu’il passa pour le fils du Lare domestique ; aussi institua-t-il les fêtes Compitales, qui sont des jeux en l’honneur des dieux Lares.