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LIVRE II.

trer même par des arguments moins sérieux notre conformité avec Dieu, il ne peut pas faire que deux fois dix ne soit pas vingt, et beaucoup d’autres choses semblables, ce qui témoigne indubitablement la puissance de la nature et son identité avec ce que nous appelons Dieu. Cette digression sur un sujet si familier, à cause des controverses continuelles dont Dieu est l’objet, n’aura pas paru hors de propos.

VI.

1(VIII.) Revenons aux astres, que nous avons dits fixés au monde (II, 4, no 3). Il ne s’agit pas de ces étoiles auxquelles a foi le vulgaire, attribuées à chacun de nous, brillantes pour les riches, moindres pour les pauvres, obscures pour les vies qui s’éteignent, d’un éclat proportionné à la condition des mortels à qui elles sont assignées. Ils ne naissent ni ne meurent avec un individu humain ; et quand ils tombent ils n’indiquent la mort de personne. Nous ne sommes pas tellement associés aux choses du ciel, qu’à notre destinée soit attachée l’éclipse de brillantes étoiles. 2Lorsqu’on croit voir tomber ces astres, c’est que, trop alimentés par les liquides qu’ils aspirent, ils les rendent en abondance par l’effet du feu ; c’est aussi ce que nous voyons l’huile produire dans une lampe allumée. Du reste, les corps célestes sont d’une nature éternelle ; ils forment le tissu du monde, et sont engagés dans ce tissu ; l’influence s’en fait sentir puissamment sur la terre. Ce que les effets qu’ils produisent, leur clarté et leur grandeur ont pu, malgré la difficulté du sujet, faire connaître de cette influence, sera (7) démontré en lieu et place (XVII, XVIII). 3Quant à la théorie des cercles célestes, elle sera plus convenablement expliquée quand il sera question de la terre, à laquelle cette théorie appartient complètement. Seulement je ne renverrai pas plus loin la mention de ceux (8) qui ont découvert le zodiaque. L’obliquité en fut, dit-on, comprise ; c’est-à-dire que la porte des choses fut ouverte par Anaximandre de Milet, dans la 58e olympiade. Cléostrate y signala ensuite les constellations, et d’abord celle du Bélier et du Sagittaire. Longtemps auparavant la sphère elle-même avait été trouvée par Atlas. Maintenant laissons le corps même du monde, et occupons-nous de ce qui est entre le ciel et la terre.

4Il est certain que l’astre le plus élevé est celui de Saturne ; aussi paraît-il être le plus petit, et décrit-il la plus longue révolution ; ce n’est qu’au bout de trente ans qu’il revient à son point de départ. La marche de toutes les planètes, du soleil et de la lune, est contraire à celle du monde, c’est-à-dire qu’elle est dirigée à gauche (9), tandis que celle du monde est dirigée à droite ; et quoique la rotation quotidienne, dont la rapidité est extrême, les enlève et les précipite vers le couchant, ils n’en ont pas moins un mouvement annuel et contraire, qu’ils accomplissent pas à pas. C’est afin que l’air, au lieu d’être roulé dans la même partie par la révolution éternelle du monde, et d’y former une masse sans mouvement, soit atténué (10) par le choc opposé des astres qui le divisent et l’étendent. 5Saturne est un astre d’une nature froide et glaciale. Beaucoup au-dessous est le cercle de Jupiter, dont la révolution, par conséquent plus rapide, s’accomplit en douze ans. En troisième est Mars, appelé par quelques-uns Hercule : cette planète, d’une couleur de feu, est ardente à cause du voisinage du soleil ; sa révolution est d’environ deux ans. Aussi Jupiter, placé entre la trop grande chaleur de Mars et le froid