Page:Pline l'ancien - Histoire naturelle, Littré, T1 - 1848.djvu/140

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
116
PLINE.


simplement des torches, et les bolides, comme on en vit lors des désastreux événements de Modène. 2La différence est que les torches, allumées par leur partie antérieure, laissent de longues traînées, tandis que les bolides, brûlant dans toute leur longueur, occupent un plus grand espace.

XXVI.

1 On voit aussi flamboyer des poutres, doques en grec, telles qu’il en apparut lorsque les Lacédémoniens, vaincus sur mer, perdirent l’empire de la Grèce. (Ol. 96, 2 ; 395 av. J. C.) Il se fait aussi dans le ciel lui-même des crevasses qu’on appelle Chasma.

XXVII.

1(XXVII.) On a encore observé des incendies couleur de sang, se dirigeant vers la terre. Rien de plus terrible que ce phénomène aux yeux des mortels épouvantés ; on en vit un semblable l’an III de la cent septième olympiade, lorsque le roi Philippe ébranlait la Grèce. 2Pour moi, je crois que ces météores se manifestent, comme le reste, à des époques réglées, et qu’ils sont indépendants des causes variées, fruit d’une imagination subtile, auxquelles la plupart les attribuent. Ils furent, sans doute, le présage de grandes catastrophes ; mais, je pense, que ces catastrophes ne surviennent pas à cause des météores ; les météores apparurent parce qu’elles étaient prochaines. Ce qui cache la loi de leur reproduction, c’est qu’ils sont rares ; cela empêche qu’ils ne soient connus comme le sont les levers des planètes ci-dessus indiqués, les éclipses, et beaucoup d’autres phénomènes.

XXVIII.

1(XXVIII.) On voit des étoiles apparaître des journées entières avec le soleil ; le plus souvent elles entourent cet astre d’une espèce de couronne d’épis et de cercles de diverses couleurs. Ce phénomène arriva lors de l’entrée à Rome d’Auguste dans sa première jeunesse, venant, après la mort de son père, prendre l’héritage d’un grand nom. (XXIX) De semblables couronnes se font voir autour de la lune, et des étoiles fixes qui ont un grand éclat.

XXIX.

1 Le soleil parut avec un arc sous le consulat de Lucius Opimius et de Quintus Fabius (an de Rome 623) ; avec un cercle, sous le consulat de Porcius et de Manius Acilius (an de Rome 640); avec un cercle de couleur rouge sous le consulat de Lucius Julius et de Publius Rutilius (an de Rome 664).

XXX.

1(XXX.) Le soleil éprouve des éclipses dont la longueur est un prodige : ainsi, lors du meurtre du dictateur César et durant la guerre d’Antoine, il fut pâle, presque sans interruption, pendant toute l’année.

XXXI.

1(XXXI.) On a vu aussi plusieurs soleils à la fois (25), non au-dessus ni en-dessous du soleil lui-même, mais sur les côtés, et non près de la terre, ni à l’opposite, ni la nuit, mais le matin ou le soir ; on en a vu, dit-on, même à midi, une fois, sur le Bosphore ; ils avaient paru dès le matin, et durèrent jusqu’au soir. 2Les anciens ont observé plusieurs fois trois soleils : par exemple, sous les consulats de Sp. Postumius, de Q. Mucius (an de Rome 580) ; de Q. Marcius, de M. Porcius (an de Rome 631) ; de Marc-Antoine, de P. Dolabella (an de Rome 710) ; de M. Lepidus, de L. Plancus (an de Rome 712). Ce phénomène s’est montré aussi de notre temps, durant le règne du dieu Claude lorsqu’il était consul, ayant Cornelius Orfitus pour collègue (après J.-C. 51). Aucun document ne parle de l’apparition de plus de trois soleils à la fois.

XXXII.

1(XXXII.) Trois lunes ont été observées, comme sous le consulat de Cn. Domitius et de C. Fannius (an de Rome 632). On les a généralement appelées soleils nocturnes.