Page:Pline l'ancien - Histoire naturelle, Littré, T1 - 1848.djvu/634

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
610 PLINE.

perte de leurs feuilles, sont naturellement affamés et avides ; or, la pluie est leur aliment. L’expérience a démontré que rien n’était plus mauvais qu’un hiver tiède, permettant que les arbres, après avoir donné leurs fruits, conçoivent de nouveau immédiatement, c’est-à-dire bourgeonnent, et soient épuisés par une nouvelle floraison. Il y a plus : si plusieurs années semblables se suivaient, les arbres périraient ; car il n’est pas douteux que c’est un supplice de travailler en souffrant de la faim. 4 Quand le poète (Virgile, Géorg., i, 100) a dit qu’il fallait souhaiter des hivers sereins, ce n’est pas pour les arbres qu’il a fait des vœux : les pluies, à l’époque du solstice d’été, ne conviennent pas non plus à la vigne ; et dire qu’un hiver poudreux rend les moissons plus abondantes, c’est s’abandonner aux écarts d’une imagination féconde. Mais on souhaite, aussi bien pour les arbres que pour les céréales, que la neige demeure longtemps sur la terre. Ce n’est pas seulement que, renfermant et comprimant les esprits terrestres qui s’évanouissent par les exhalaisons, elle les refoule dans les racines et fortifie les plantes, mais encore c’est qu’elle fournit peu à peu une humidité qui de plus est pure et très légère ; car la neige est l’écume des eaux du ciel. De la sorte, l’eau qui en provient ne s’épanche pas toute à la fois ; mais, distillée au fur et à mesure de la soif des plantes, elle alimente comme fait une mamelle, et n’inonde pas. 5 La terre fermente sous cette influence, se remplit de sucs ; et comme les graines ne l’ont pas épuisée par leur absorption, elle sourit à la saison tiède qui vient lui ouvrir le sein. C’est ainsi que les blés grossissent le plus, si ce n’est là où l’atmosphère est toujours chaude, comme en Égypte ; car la continuation de la même température et l’habitude produisent là les mêmes effets qu’ailleurs, un air tempéré. Au reste, ce qui importe le plus partout, c’est l’absence des conditions nuisibles. Dans la plus grande partie du monde, les bourgeonnements précoces sollicités par la douceur de la température sont brûlés par les froids qui surviennent consécutivement. Pour cette raison les hivers tardifs sont nuisibles ; ils le sont aussi aux arbres des forêts, qui même souffrent davantage, accablés par leur propre ombrage, et que l’industrie humaine ne secourt pas ; car il n’y a pas moyen de revêtir dans les forêts les arbres délicats avec de la paille tordue. 6 Les pluies sont donc favorables, d’abord pendant l’hiver, puis quand elles précèdent le bourgeonnement, en troisième lieu, quand se forme le fruit, mais non immédiatement, et seulement quand le fruit est déjà fort. Les arbres tardifs, et qui ont besoin d’une alimentation prolongée, reçoivent aussi un bénéfice des pluies tardives ; tels sont la vigne, l’olivier, le grenadier. Ces pluies elles-mêmes sont désirées diversement pour chaque espèce d’arbre, car les uns mûrissent à une époque, les autres à une autre. 7 Aussi voit-on les mêmes pluies faire du mal à ceux-ci, du bien à ceux-là, même dans le même genre, par exemple les poiriers. Les poires d’hiver ont besoin de pluie à un autre jour que les poires précoces, bien que toutes en aient également besoin. L’hiver précède l’époque du bourgeonnement, lequel se trouve mieux de l’aquilon que du vent du midi. La même raison fait que l’on préfère l’intérieur des terres aux côtes de la mer (l’intérieur est généralement plus froid), les contrées montagneuses aux plaines, les pluies nocturnes aux pluies du jour ; les végétaux jouissant davantage des eaux, que le soleil ne leur enlève pas immédiatement. 8 L’examen de la



naturale est avide esurire, cibus autem earum imber. Quare tepidam esse hiemem, ut absumpto partu arborum sequatur protinus conceptus, id est germinatio, ac deinde alia florescendi exinanitio, inutilissimum experimentis creditur. Quin immo si plures ita continuentur anni, etiam ipsæ moriuntur arbores, quando nemini dubia poena est in fame laborantium. Ergo qui dixit hiemes serenas optandas, non pro arboribus vota fecit : 4 nec per solstitia imbres vitibus conducunt ; hiberno quidem pulvere lætiores fieri messes luxuriantis ingenii fertilitate dictum est. Alioqui vota arborum frugumque communia sunt nives diutinas sedere. Causa non solum quia animam terræ evanescentem exhalatione includunt et conprimunt retroque agunt in vires frugum atque radices, verum quod et liquorem sensim præbent, purum præterea levissimumque, quando nix aquarum cælestium spuma est. 5 Ergo umor ex his non universus ingurgitans diluensque, sed quomodo sititur destillans velut ex ubere, alit omnia, quia non inundat. Tellus quoque illo modo fermentescit, et sui plena, a lactescentibus satis non effeta, cum tempus aperit, tepidis adridet horis. Ita maxime frumenta pinguescunt, præterquam ubi calidus semper aër est, ut in Ægypto. Continuatio enim et ipsa consuetudo idem quod modus aliubi efficit, plurimumque prodest ubicumque non esse quod noceat. 6 In maiore parte orbis, cum præcoces excurrere germinationes evocatæ indulgentia cæli, secutis frigoribus exuruntur. Qua de causa serotinæ hiemes noxiæ, silvestribus quoque, quæ magis etiam dolent urguente umbra sua nec adiuvante medicina, quando vestire teneras intorto stramento in silvestribus non est. 7 Ergo tempestivæ aquæ hibernis primum imbribus, dein germinationem antecedentibus ; tertium tempus est, cum educant poma, nec protinus, sed iam valido fetu. Quæ fructus suos diutius continent longioresque desiderant cibos, his et serotinæ aquæ utiles, ut viti, oleæ, punicis. Hæ tamen pluviæ generis cuiusque arboribus diverso modo desiderantur, aliis alio tempore maturantibus. Quapropter eisdem imbribus aliqua lædi videas, aliqua iuvari, etiam in eodem genere, sicut in piris alio die hiberna quærunt pluvias, alio vero præcocia, ut pariter quidem omnia desiderent hibernum tempus, set ante germinationem, 8 quæ Aquilonem austro utiliorem facit ratio, eadem mediterranea maritimis præfert : sunt enim plerumque frigidiora : et montuosa planis et nocturnos imbres diurnis. Magis fruuntur aquis sata