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616 PLINE.

M. Varron (De re rust., i, 38) donne le premier rang à la fiente des grives de volière ; il la vante comme profitable non seulement au champ, mais encore aux bœufs et aux porcs, qui en engraissent plus promptement. Il y a lieu de bien augurer de nos mœurs, si chez nos ancêtres les volières ont été assez grandes pour fournir des engrais à la campagne. 2 Columelle (De re rust., ii, 15) met au rang suivant la fiente de pigeon, puis celle de poule. Il condamne telle des oiseaux aquatiques. Les autres auteurs s’accordent pour regarder comme le premier des engrais le résidu des repas humains. D’autres préfèrent le superflu de la boisson, dans lequel on fait macérer le poil des ateliers de corroyeurs. D’autres emploient le liquide seul, mais ils y mêlent de l’eau, et même en plus grande quantité qu’on n’en mêle au vin dans les repas ; car il y a là plus à corriger, attendu qu’au vice communiqué par le vin se joint le vice communiqué par l’homme. Tels sont les moyens que les hommes emploient à l’envi pour alimenter la terre même. On recherche ensuite les excréments des pourceaux ; Columelle est le seul qui les rejette. D’autres estiment le fumier de tout animal nourri avec le cytise. Quelques-uns préfèrent celui de pigeon. 3 Vient ensuite celui des chèvres, puis celui des moutons, puis celui des bœufs ; en dernier lieu, celui des bêtes de somme. Telles sont les différences établies par les ancien entre les fumiers, telles les règles pour s’en servir, comme je les trouve ; car ici encore il vaut mieux suivre l’antiquité. Dans quelques provinces très riches en bestiaux, on a vu le fumier, passé au crible comme de la farine, perdre par l’effet du temps l’odeur et l’aspect repoussants qu’il avait, et prendre même quelque chose d’agréable Dans ces derniers temps, on a reconnu que les oliviers aimaient surtout la cendre des fours à eaux. 4 Aux règles anciennes Varron (De re rust. i, 38) a ajouté qu’il faut engraisser les terres à blé avec le fumier de cheval, qui est le plus léger ; et les prairies avec un fumier plus lourd provenant de bêtes nourries d’orge, et propre à fournir beaucoup d’herbe. Quelques-uns même préfèrent le fumier des bêtes de somme à celui des bœufs, le fumier de mouton à celui de chèvre, et à tout celui d’âne, parce que cet animal mange le plus lentement. L’expérience prononce contre Varron et Columelle ; mais tous les auteurs s’accordent pour dire que rien n’est plus utile que de tourner avec la charrue ou avec la bêche, ou d’arracher avec la main, use récolte de lupin avant que la gousse soit formée, et de l’enfouir au pied des arbres et des vignes. On croit même, dans les lieux où il n’y a pas de bétail, pouvoir fumer le sol avec le chaume, ou, au pis aller, avec la fougère. 5 « Vous ferez du fumier, dit Caton (De re rust., xxxvii) avec la litière, le lupin, la paille, les fèves, les feuilles d’yeuse et de chêne ; arrachez de la terre à blé l’hyèble, la ciguë, et dans les saussaies l’herbe qui monte et le jonc : de cela et des feuilles qui pourrissent faites de la litière pour les moutons. Si la vigne est maigre, brûlez-en les sarments, et labourez le terrain ; et quand vous êtes sur le point (De re rust., xxx) de semer le froment dans un champ, faites y parquer les moutons. »

VII.

1 Caton dit encore (De re rust. xxxvii) : Il y a des récoltes qui engraissent le sol : les terres à blé sont fumées par le lupin, la fève, la vesce. Une action contraire est exercée par le pois chiche, à cause qu’on l’arrache et qu’il est salé, par l’orge, le fenugrec et l’ers ; ces plantes brûlent la terre à blé, ainsi que toutes celles



M. Varro principatum dat turdorum fimo ex aviariis, quod etiam pabulo boum suumque magnificat neque alio cibo celerius pinguescere adseverat. De nostris moribus bene sperare est, si tanta apud maiores fuere aviaria, ut ex his agri stercorarentur. 2 Proximum Columella e columbariis, mox gallinariis facit, natantium alitum damnato. Ceteri auctores consensu humanas dapes ad hoc in primis advocant. Alii ex his præferunt potus hominum in coriariorum officinis pilo madefacto, alii per sese aqua iterum largiusque etiam, quam cum bibitur, admixta. Quippe plus ibi mali domandum est, cum ad virus illud vini homo accesserit. Hæc sunt certamina, invicemque ad tellurem quoque alendam aluntur homines. Proxime spurcitias suum laudant, Columella solus damnat. Alii cuiuscumque quadripedis ex cytiso, aliqui columbaria præferunt. 3 Proximum deinde caprarum est, ab hoc ovium, dein boum, novissimum iumentorum. Hæ fuere apud priscos differentiæ, simulque præcepta (ut invenio) recenti utendi, quando et hic vetustas utilior ; visumque iam est apud quosdam provincialium inveteratum, abundante geniali copia pecudum, farinæ vice cribris superinici, fætore aspectuque temporis viribus in quandam etiam gratiam mutato. Nuper repertum oleas gaudere maxime cinere e calcariis fornacibus.) 4 Varro præceptis adicit equino, quod sit levissimum, segetes alendi, prata vero graviore et quod ex hordeo fiat multasque gignat herbas. Quidam etiam bubulo iumentorum præferunt ovillumque caprino, omnibus vero asininum, quoniam lentissime mandant. E contrario usus adversus utrumque pronuntiat. Inter omnes autem constat nihil esse utilius lupini segete, priusquam siliquetur, aratro vel bidentibus versa manipulisve desectæ circa radices arborum ac vitium obrutis. Et ubi non sit pecus, culmo ipso vel etiam felice stercorare arbitrantur. 5 Cato : Stercus unde facias, stramenta, lupinum, paleas, fabalia ac frondis iligneam querneam. Ex segete evellito ebulum, cicutam et circum salicta herbam altam ulvamque. Eam substernito ovibus, bubusque frondem putidam. Vinea si macra erit, sarmenta sua comburito et indidem inarato : Itemque ubi saturus eris frumentum, oves ibi delectato.

VII.

Nec non et satis quibusdam ipsis pasci terram dicit : segetem stercorant fruges : lupinum, faba, vicia ; sicut e contrario : cicer, quia vellitur et quia salsum est, hordeum, fenum Græcum, ervum, hæc omnia segetem exurunt,