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NOTICE SUR PLINE
et sur son livre
DE L’HISTOIRE NATURELLE.


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Caius Plinius Secundus naquit sous le consulat de Caïus Asinius Pollion et de Caïus Antistius Vetus, l’an de Rome 776, 23 de l’ère chrétienne. Il y a de l’incertitude sur le lieu de sa naissance, placée, suivant les uns, à Vérone ; suivant les autres, à Côme (Novocomum). Ce qui fait croire que Pline est de Vérone, c’est que des manuscrits portent en effet Plinius Veronensis, et que Pline lui-même, dans sa préface, appelle d’un mot militaire Catulle son pays (conterraneus) ; or Catulle était de Vérone. En faveur de Côme, on remarque qu’Eusèbe de Césarée, dans sa Chronique, joint au nom de Pline l’épithète de Novocomensis ; mais Eusèbe et les écrivains postérieurs ont longtemps confondu Pline l’auteur de l’Histoire naturelle et Pline le Jeune, son neveu, l’auteur des Lettres et du Panégyrique de Trajan. L’argument le plus considérable en faveur de Côme, ce sont les inscriptions que l’on a trouvées dans cette ville, inscriptions où le nom de Pline revient souvent : elles ne sont pas, il est vrai, relatives à notre Pline, mais du moins elles montrent qu’à Côme ce nom était commun, et l’on en tire la conclusion que notre auteur était aussi de cette ville. En définitive, ce point ne paraît pas susceptible d’une solution complète.

Avec les renseignements disséminés dans l’ouvrage de Pline, on a dressé une histoire de sa vie ainsi qu’il suit. L’an 41 de l’ère chrétienne, à seize ans, Pline voit sans doute Lollia Paullina, femme de Caligula, de laquelle il parle, IX, 58. L’an 44, à dix-neuf ans, il est témoin de l’assaut livré, par ordre de Claude, à une orque échouée dans le port d’Ostie, IX, 5. L’an 47, à vingt-deux ans, il voit en Afrique une femme qui avait été changée en homme. En 48, à l’âge de vingt-trois ans, il sert en Germanie sous les ordres de Lucius Pomponius Secundus ; il a le commandement d’un corps de cavalerie que les Romains nommaient ala. C’est à la suite de ces campagnes qu’il composa un livre intitulé De l’art de lancer le javelot à cheval, De jaculatione equestri. Revenu à Rome, il se livra à l’étude de la jurisprudence, et écrivit la vie de son ancien général, Lucius Pomponius Secundus, qui était mort. Vers l’âge de trente-deux ans, il commença d’écrire l’Histoire des guerres germaniques. L’an 63, sous le règne de Néron, à trente-huit ans, il publie son livre intitulé Des studieux (Studiosorum libri). C’est l’époque de la naissance du fils de sa sœur, Pline le Jeune. Quelques années après, il publia un nouvel ouvrage en huit livres sur les Expressions douteuses, Dubii sermonis libri. Vers l’an 69, à quarante-quatre ans, il fut nommé intendant de l’empereur en Espagne, procurator Cæsaris. En 73, à quarante-huit ans, il revint d’Espagne à Rome. Il est nommé commandant de la flotte de Misène, on ne sait à quelle année. L’an 80, à cinquante-cinq ans, il dédie son Histoire naturelle à Titus, et l’an 81 il meurt dans l’éruption du Vésuve.

Pour raconter cette catastrophe, on ne peut que se servir de la lettre de Pline le Jeune à Tacite, VI, 16 ; c’est un monument authentique : « Vous me demandez que je vous écrive comment mon oncle a péri, afin que vous puissiez redire cette catastrophe avec plus de vérité à la postérité. Je vous en remercie, car je vois qu’à sa mort, si vous la célébrez, est réservée une gloire immortelle. À la vérité c’est au sein de la ruine des plus beaux territoires qu’il a péri, comme des peuples, comme des cités, par un événement mémorable, qui semble devoir le faire vivre toujours ; à la vérité il a composé lui-même des livres nombreux qui demeureront : néanmoins la durée éternelle de vos écrits ajoutera beaucoup au maintien de son souvenir. À mon avis, heureux sont ceux à qui par la faveur des dieux il fut donné ou de faire ce qui mérite d’être écrit, ou d’écrire ce qui mérite d’être lu ; plus heureux encore ceux qui ont cette double prérogative. C’est parmi ces derniers que sera mon oncle, grâce à ses livres et aux vôtres. Aussi, ce que vous me demandez, je m’en charge volontiers, et même, à mon tour, je l’exige de vous. Il était à Misène, et de sa personne commandait la flotte. Le 9 des calendes de septembre (24 août), vers la septième heure de la journée (la première heure était comptée au lever du soleil), ma mère lui dit qu’un nuage apparaissait d’une grandeur et d’une forme extraordinaire. Mon oncle s’était chauffé au soleil, avait pris de l’eau froide, puis, couché, avait fait un goûter, et il étudiait ; il demande ses sandales, et monte en un endroit d’où la merveille était le plus visible. À le voir de loin, on ne savait de quelle montagne le nuage sortait ; on sut depuis que c’était du Vésuve. De tous les arbres le pin est celui qui en représente le mieux la ressemblance et la forme. En effet, le nuage avait comme un tronc très allongé qui s’élevait fort haut, puis se partageait en un certain nombre de branches. Sans