Page:Pline le Jeune - Panégyrique de Trajan, trad. Burnouf, FR+LA, 1845.djvu/117

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république en péril demandait un défenseur éprouvé par les dignités, on rendait, non pas le consulat aux mêmes hommes, mais les mêmes hommes au consulat. Admirable vertu de votre munificence, dont les grâces produisent les mêmes effets que la nécessité ! Deux sénateurs viennent de dépouiller la robe prétexte ; qu’ils la reprennent : de renvoyer leurs licteurs ; qu’ils les rappellent : de recevoir les félicitations de leurs amis ; que ces amis, à peine congédiés, se hâtent de revenir. Est-ce bien le conseil d’une volonté humaine, est-ce l’œuvre d’un pouvoir humain, de renouveler les joies, de recommencer l’allégresse, de ne donner aucun relâche aux félicitations, et de ne laisser entre deux consulats que l’intervalle nécessaire pour que le premier soit fini ? Agissez toujours de la sorte ; et puissent dans ce dessein votre cœur ou votre fortune ne se lasser jamais ! Donnez à beaucoup de citoyens des troisièmes consulats ; et, lorsque beaucoup en auront reçu, puisse-t-il en rester davantage qui en méritent encore !

LXII- Une faveur accordée à l’homme qui en est digne cause toujours à ceux qui lui ressemblent autant de joie qu’à lui-même. Mais telle est l’impression particulière produite par le choix de ces deux consuls, non sur quelques membres seulement, mais sur le corps entier du sénat, qu’il n’est pas un sénateur qui, dans l’illusion de son enthousiasme, ne croie avoir personnellement donné ou reçu le même honneur. Ces deux consuls sont en effet les hommes que le sénat choisit les premiers, lorsqu’il chercha les meilleurs citoyens pour les charger de la réduction des dépenses publiques. C’est là, oui, c’est là ce qui les a placés si avant dans l’estime de César. N’avons-nous pas assez éprouvé que toujours la faveur du sénat est, auprès du prince, ou utile ou nuisible ? Avons-nous oublié que naguère il n’était pas d’arrêt de mort plus certain que cette pensée de l’empereur : « Cet homme est estimé, cet homme est chéri du sénat ? » Le prince haïssait ceux que nous aimions, et nous ceux qu’il aimait. Maintenant le prince et le sénat disputent de tendresse pour le plus digne ; ils se l’indiquent mutuellement, ils l’adoptent sur la foi l’un de l’autre ; et, ce qui est la meilleure preuve d’un amour réciproque, ils aiment les mêmes personnes. Vous pouvez donc, pères conscrits, favoriser sans déguisement, chérir sans contrainte. Il