Page:Pline le Jeune - Panégyrique de Trajan, trad. Burnouf, FR+LA, 1845.djvu/145

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prince n’ajoutait rien à celui d’être préteur. Du reste, il était si assidu à donner audience, que le travail semblait le délasser et lui rendre des forces. Qui de nous s’impose tant de soins et de labeurs ? qui de nous se dévoue ainsi, suffit ainsi aux honneurs qu’il a désirés ? Et sans doute c’est justice que celui qui fait les consuls ait cette supériorité sur les consuls qu’il a faits ; la fortune elle-même s’indignerait que celui-là conférât les magistratures, qui ne pourrait les remplir. Il faut que celui qui va créer des consuls leur enseigne à l’être, et qu’il persuade à ceux qui recevront cette dignité suprême, qu’il sait parfaitement ce qu’il se propose de donner : c’est le moyen qu’ils sachent eux-mêmes ce qu’ils auront reçu.

LXXVIII- Aussi est-ce à juste titre que le sénat vous a prié, vous a ordonné même, d’accepter un quatrième consulat. Ordonner est ici une parole de commandement, non de flatterie ; croyez-en votre déférence pour cet ordre, déférence que le sénat ne peut exiger de vous, et que vous ne pouvez accorder au sénat plus légitimement qu’en cette occasion. Car il en est des princes comme des autres hommes : ceux mêmes qui se croient des dieux n’ont qu’une existence passagère et fragile ; les bons doivent faire tous leurs efforts pour être, encore après eux, utiles à la république, en laissant des monuments de justice et de modération ; et ces monuments, c’est un consul surtout qui peut les fonder. Votre dessein, nous le savons, est de rappeler et de ramener parmi nous la liberté : quelle magistrature doit vous plaire davantage, et quel nom devez-vous adopter plus souvent, que la magistrature et le nom qui furent les premières créations de la liberté reconquise ? Il n’est pas moins digne d’un citoyen d’être à la fois consul et prince, que d’être simplement consul. Ayez aussi quelque ménagement pour la délicatesse de vos collègues : oui, de vos collègues ; c’est ainsi que vous parlez, et vous voulez que nous parlions ainsi. Le souvenir de leur troisième consulat pèsera toujours à leur modestie, jusqu’à ce qu’ils vous voient encore une fois consul. Comment ce qui est assez pour un prince ne serait-il pas trop pour des particuliers ? Rendez-vous à nos vœux, César ; et, vous qui êtes notre intercesseur auprès des dieux, daignez, en ce qui dépend de vous seul, exaucer nos prières !