Page:Pline le Jeune - Panégyrique de Trajan, trad. Burnouf, FR+LA, 1845.djvu/147

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LXXIX- Votre troisième consulat suffit peut-être à vos désirs, mais il en suffit d’autant moins aux nôtres. Il nous a appris, il nous a engagés à désirer de vous avoir de nouveau et souvent pour consul. Nos instances seraient moins vives, si nous ne savions pas encore quel magistrat vous devez être. Mieux eût valu pour nous ne pas faire l’essai de vos vertus, que d’être privés d’en jouir. Nous sera-t-il donné de revoir ce grand homme consul ? entendra-t-il, prononcera-t-il ces paroles qu’on a ouïes naguère ? répandra-t-il autour de lui cette joie qui n’aura d’égale que la sienne ? verrons-nous présider à l’allégresse publique l’auteur et l’objet de cette allégresse ? le verrons-nous, selon sa coutume, essayer de retenir l’élan de nos cœurs, et l’essayer en vain ? nobles et heureux combats, quel qu’en soit le succès, entre l’amour des sénateurs et la modestie du prince ! Oui, je vois déjà en idée éclater une joie inconnue, et plus grande que la dernière. Quel est en effet l’esprit assez faible pour ne pas juger que César sera d’autant meilleur consul qu’il l’aura été plus souvent ? Un autre, s’il ne se fût pas abandonné, en sortant de charge, au plaisir et à l’inaction, se serait au moins délassé du travail par quelques instants de repos : César, à peine délivré des soins consulaires, a repris les occupations impériales, si attentif à respecter les limites qui les séparent, que jamais le prince n’a usurpé sur le consul, ni le consul sur le prince. Nous voyons comme il prévient les désirs des provinces, les prières des moindres cités. Nulle difficulté pour obtenir audience, nul délai pour avoir réponse : on est aussitôt reçu, aussitôt congédié ; et le temps n’est plus où les députations repoussées assiégeaient par troupes les portes du palais.

LXXX- Et dans tous vos jugements, quelle sévérité mêlée de douceur ! quelle clémence exempte de faiblesse ! Vous ne vous asseyez pas sur le tribunal pour enrichir le fisc ; et le seul profit que vous tiriez de vos arrêts, c’est d’avoir bien jugé. Debout devant vous, les plaideurs songent moins à leur fortune qu’à votre estime ; ils ne craignent pas ce que vous prononcerez sur leur cause, mais ce que vous penserez de leurs mœurs. Œuvre vraiment digne d’un prince et digne aussi d’un consul, de réconcilier les cités rivales ; d’apaiser, moins par