Page:Pline le Jeune - Panégyrique de Trajan, trad. Burnouf, FR+LA, 1845.djvu/169

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tante. Que dirai-je de ce que vous avez placé notre consulat dans la même année que le vôtre ? Ainsi nous serons inscrits sur la même page que vous parmi les consuls, et nos noms seront ajoutés aux fastes, à la suite de votre nom. Vous avez daigné présider à nos comices, nous dicter la sainte formule du serment. Nous avons été créés consuls par votre choix, déclarés consuls par votre bouche, afin que, après avoir été notre appui dans le sénat en soutenant notre brigue, vous le fussiez encore au champ de Mars en proclamant nos honneurs. Et quand je pense que vous nous avez assigné précisément le mois embelli par votre naissance, combien je trouve honorable pour nous d’avoir à célébrer par un édit et par des jeux publics ce jour trois fois heureux qui ôta un prince détestable, en donna un très bon, en vit naître un meilleur ! C’est donc nous que recevra sous vos yeux un char plus auguste que dans les fêtes ordinaires ; c’est nous qui, à travers mille cris de favorable augure, et un concert de vœux offerts pour vous et animés par votre présence, nous avancerons pleins d’allégresse, et incertains de quel côté arrivent à nos oreilles les plus vives acclamations.

XCIII- Mais voici le plus beau de tous les éloges : vous permettez à ceux que vous faites consuls d’être consuls en effet. Aucun danger ne les menace, et la crainte du prince ne vient point affaiblir et abattre en eux les sentiments consulaires. Nous n’entendrons aucune parole que nous voulussions ne pas entendre ; nous n’aurons à rendre aucune décision commandée. Le consulat jouit et jouira toujours du respect qui lui est dû, et l’autorité pour nous ne sera pas un péril. Si cette haute dignité souffrait quelque abaissement, ce serait notre faute, et non pas celle du siècle ; car il ne tient pas au prince que les consuls ne soient aujourd’hui ce qu’ils étaient avant qu’il y eût des princes. De quel prix assez grand notre reconnaissance payera-t-elle vos bienfaits ? nous n’en avons qu’un seul à vous offrir : c’est de n’oublier jamais que nous fûmes consuls, et que nous le fûmes par vous ; c’est de penser, c’est de parler comme il sied à des consulaires ; c’est de nous conduire dans la république en hommes qui croient à la république ; c’est de ne la priver ni de nos conseils ni de nos services ; de regarder le consulat, non comme le terme et la fin de nos travaux, mais comme un lien qui nous engage