Page:Pline le Jeune - Panégyrique de Trajan, trad. Burnouf, FR+LA, 1845.djvu/39

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nom de Germanique ; le bruit de votre approche mettait à l’insolence et à l’orgueil des Parthes le frein de la terreur, et bientôt vous réunissiez dans une commune admiration le Rhin avec l’Euphrate ; enfin vous portiez vos pas, ou plutôt votre gloire, d’un bout de l’univers à l’autre, toujours plus grand et plus illustre pour le peuple qui vous recevait le dernier : et alors vous n’étiez encore ni empereur ni fils d’un dieu ! Des nations nombreuses, des contrées dont l’étendue est presque sans limites, les Pyrénées, les Alpes, et d’autres montagnes d’une hauteur prodigieuse, si on ne les comparait aux Alpes et aux Pyrénées, vous séparaient de la Germanie et lui servaient de rempart. Pendant tout le temps qu’il vous fallut pour conduire, disons mieux (car telle était votre vitesse), pour enlever vos légions au delà de cet espace immense, jamais la pensée de monter à cheval ou sur un char ne vous fit jeter les yeux en arrière. Destiné à la représentation plutôt qu’à vous épargner des fatigues, votre cheval, exempt de fardeau, marchait avec les autres à la suite de l’armée ; il ne vous servait qu’aux jours du repos, lorsque, ardent et bondissant sous son maître, il soulevait autour des retranchements des tourbillons de poussière. Admirerai-je le commencement ou la fin de pareils travaux ? C’est beaucoup d’avoir persévéré ; c’est plus encore de n’avoir pas désespéré de votre persévérance. Oui, sans doute, celui qui, du fond de l’Espagne, vous avait appelé, comme le plus puissant auxiliaire, aux guerres de Germanie, cet empereur fainéant, qui était jaloux des vertus d’autrui à l’heure même qu’il en avait besoin, dut, non sans éprouver de secrètes alarmes, concevoir pour vous toute l’admiration que ce fils de Jupiter donnait à son roi, en revenant toujours indompté, toujours infatigable, des périlleux travaux où l’engageaient ses ordres tyranniques ; lorsque, dans des expéditions chaque jour renaissantes, vous renouveliez les prodiges de cette marche glorieuse.

XV- Tribun dans un âge encore tendre, vous avez parcouru tour à tour les régions les plus éloignées avec la vigueur d’un homme fait. La fortune vous avertissait dès lors d’étudier à fond et longtemps ce que bientôt vous deviez prescrire. Sans vous contenter de voir un camp en perspective, et de traverser rapidement les grades subalternes, vous avez exercé le tribunat de manière à pouvoir en sortir général, et à n’avoir plus