Page:Pline le Jeune - Panégyrique de Trajan, trad. Burnouf, FR+LA, 1845.djvu/41

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de lecons à recevoir à l’époque où il faudrait en donner. Dix campagnes vous ont appris à connaître les mœurs des peuples, la situation des pays, les avantages des lieux, et à supporter toutes les eaux et toutes les températures, comme les fontaines de votre patrie et le climat natal. Combien de fois vous avez remplacé vos chevaux, renouvelé vos armes usées par la victoire ! Un temps viendra où nos neveux aimeront à visiter, et à penser que leurs descendants visiteront à leur tour, les champs qui furent arrosés de vos sueurs, les arbres qui prêtèrent leur ombre à vos repas militaires, les rochers qui abritèrent votre sommeil, enfin les maisons qu’un si grand hôte remplit de sa présence, ainsi que dans les mêmes lieux on vous montrait à vous-même les traces vénérables des plus fameux capitaines. Je parle de l’avenir ! dès maintenant un soldat, pour peu qu’il soit ancien, n’a pas de plus beau titre que d’avoir fait la guerre avec vous. Combien s’en trouve-t-il, en effet, dont vous n’ayez été le compagnon d’armes avant d’être leur empereur ! De là vient que vous les appelez presque tous par leur nom, que vous citez à chacun ses traits de bravoure, et que nul n’a besoin de vous nombrer les blessures qu’il reçut pour la république, puisqu’elles eurent en vous un témoin qui ne fit pas attendre ses éloges.

XVI- Mais votre modération est d’autant plus admirable, que, nourri dans la gloire des armes, vous aimez la paix. Ni le triomphe mérité par votre père, ni les lauriers dédiés le jour de votre adoption au dieu du Capitole, ne vous sollicitent à chercher sans cesse l’occasion de triompher. Vous ne craignez ni ne provoquez la guerre. Il est beau, César Auguste, il est beau de rester sur le bord du Danube, quand il suffirait de le passer pour vaincre ; de ne pas désirer de combattre, quand l’ennemi refuse le combat. En cela je vois une preuve tout ensemble de courage et de modération : car, de ne pas vouloir combattre, c’est l’honneur de votre modération ; que l’ennemi ne le veuille pas non plus, c’est l’effet de votre courage. Le Capitole verra donc autre chose que des pompes théâtrales et les vains simulacres d’une victoire supposée ; il verra un empereur rapportant avec lui une gloire solide et véritable, la paix, la tranquillité, et l’aveu le plus éclatant de la soumission des ennemis, puisqu’il n’aura eu personne à vaincre. N’est-ce pas là quelque chose de plus grand que tous les triomphes ? car