Page:Pline le Jeune - Panégyrique de Trajan, trad. Burnouf, FR+LA, 1845.djvu/59

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reçues avec une égale joie, une égale sécurité ; et ce que les autres princes jetaient à la multitude mécontente pour désarmer sa haine, vous l’avez offert au peuple avec des mains aussi pures que l’esprit du peuple était fidèle. Il ne va guère à moins de cinq mille, pères conscrits, le nombre des enfants de condition libre que la munificence de notre prince a recherchés, découverts, adoptés. Ils sont élevés aux frais de l’État, pour en être l’appui dans la guerre, l’ornement dans la paix ; et ils apprennent à aimer la patrie, non comme la patrie seulement, mais comme la mère qui nourrit leur jeune âge. C’est d’eux que les camps, d’eux que les tribus se peupleront un jour ; d’eux naîtront à leur tour des rejetons auxquels ce secours public ne sera plus nécessaire. Puissent les dieux vous accorder, César, ce que vous méritez de vie, et vous conserver les sentiments qu’ils ont mis dans votre âme ! combien vous verrez se présenter à chaque distribution de vos grâces une plus grande foule d’enfants ! Car cette jeune population s’accroît et se multiplie sans cesse ; non que les fils soient mieux aimés de leurs pères, mais parce que les citoyens sont plus chéris du prince. Vous ferez des largesses, si tel est votre plaisir ; vous assurerez, si tel est votre plaisir, la subsistance de ceux qui seront nés : c’est toujours vous qui aurez été la cause de leur naissance.

XXIX- Il est une chose que je regarde comme une libéralité perpétuelle : c’est l’abondance des vivres. Ramenée jadis par Pompée, elle ne lui fit pas moins d’honneur que la brigue chassée des comices, la mer purgée de pirates, l’Orient et l’Occident parcourus par la victoire. Et Pompée ne déploya pas alors plus de vertus civiles que n’a fait depuis le père de la patrie, lorsque, par l’ascendant de son caractère, par sa bonne foi, il a ôté comme lui les barrières des routes, ouvert les ports, rendu à la terre ses chemins, aux rivages leur mer, à la mer ses rivages, uni enfin les différentes nations par un commerce si actif, que les productions d’un lieu semblent nées dans tous les autres. Ne voyons-nous pas toutes les années être pour nous des années d’abondance ? et personne cependant n’éprouve aucun dommage. Le temps n’est plus où, arrachées comme une dépouille ennemie aux alliés qui réclamaient en vain, les moissons venaient périr dans nos greniers. Les alliés apportent eux-mêmes les richesses annuelles que