Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/121

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pouvait permettre la différence de nos âges. Que de raisons à la fois pour prendre intérêt à votre élévation, et pour y concourir ! Il est certain que vous avez cent mille sesterces de revenu, puisque vous êtes décurion dans notre province. Pour que nous ayons le plaisir de vous posséder encore dans l’ordre des chevaliers, j’ai à votre service les trois cent mille sesterces qui vous manquent, et je vous les offre. Notre ancienne amitié m’est un gage suffisant de votre reconnaissance. Je ne vous ferai pas même la recommandation que je devrais vous faire, si je n’étais persuadé que vous n’en avez pas besoin : c’est de vous gouverner avec sagesse dans ce nouvel emploi que vous tiendrez de moi. On ne peut remplir avec trop d’exactitude les devoirs de son rang, lorsqu’il faut justifier le choix, de l’ami qui nous y élève. Adieu.

XX. - Pline à Cornélius Tacite.

Je discute souvent avec un fort savant et fort habile homme, qui, dans l’éloquence du barreau, n’estime rien tant que la brièveté. J’avoue qu’elle n’est pas à négliger, quand la cause le permet ; autrement, c’est un abus de confiance que d’omettre ce qu’il serait utile de dire, et même que d’effleurer légérement ce qu’il faut imprimer, inculquer, et remanier plus d’une fois. Il arrive presque toujours que l’abondance des paroles[1] ajoute une nouvelle force et comme un nouveau poids aux idées. Nos pen-

  1. L’abondance des paroles. J’ai laissé tractatu, qui s’explique facilement : la plupart des textes portent cependant tractu.