Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/157

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n’en recevrez pourtant aujourd’hui qu’une partie ; je corrige encore l’autre. J’ai cru convenable de soumettre à votre critique ce qu’il y avait déjà de plus travaillé. Lisez, je vous prie, avec le même soin que j’ai composé. Je n’avais rien fait encore qui exigeât de moi autant d’application : on n’avait à juger, dans mes autres discours, que du zèle et de la fidélité de l’avocat : ici, l’on jugera de la piété du citoyen. Aussi mon ouvrage s’est étendu sous ma main, animé comme je l’étais par le plaisir de louer, de célébrer ma patrie, de la défendre tout à la fois et de faire éclater sa gloire. Abrégez cependant, taillez à votre gré ; car toutes les fois que je pense au dégoût et à la délicatesse de nos lecteurs, je conçois que la brièveté même n’est pas un moyen de succès à négliger.

Toutefois, en me recommandant à votre sévérité, j’ai à vous demander une grâce toute différente : c’est de vous laisser souvent dérider le front. Il faut bien donner quelque chose au goût des jeunes gens, surtout lorsque le sujet ne s’y oppose pas. Dans ces sortes d’ouvrages, on peut prêter aux descriptions des lieux, qui reviennent souvent, non-seulement les ornemens de l’histoire, mais peut-être encore les embellissemens de la poésie. Si quelqu’un pensait que je me suis accordé plus de licence sur ce point, que ne le permettait la gravité du sujet, le reste de mon discours m’excusera, je l’espère, aux yeux de ce censeur chagrin. J’ai, par la variété de mon style, tâché de satisfaire les différentes inclinations des lecteurs. Ainsi, tout en craignant que ce qui pourra plaire à l’un ne déplaise à l’autre, je me flatte que cette variété même sauvera l’ouvrage entier. Quand nous sommes à table,