Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/159

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nous ne touchons pas à tous les mets ; nous louons pourtant tout le repas, et ce que nous n’aimons pas ne fait point de tort à ce que nous aimons. Non que je prétende avoir atteint au degré de perfection dont je parle : je veux seulement vous faire entendre que j’y visais. Peut-être même n’aurai-je pas perdu ma peine, si vous prenez celle de retoucher ce que je vous envoie et ce que je vous enverrai bientôt. Vous direz, qu’il ne vous est pas facile de vous bien acquitter de ce soin sans voir toute la pièce. J’en conviens : mais vous vous familiariserez toujours avec les morceaux que je vous soumets, et vous y trouverez quelque endroit qui peut souffrir des corrections partielles. Que l’on vous présente une tête, ou quelque autre partie d’une statue, vous ne pourrez pas dire si les proportions sont bien gardées, et pourtant vous ne laisserez pas de juger du mérite de cette partie. Et par quel autre motif va-t-on lire de maison en maison les commencemens d’un ouvrage, sinon parce que l’on est persuadé qu’ils peuvent avoir leur beauté, indépendamment du reste ? Je m’aperçois que le plaisir de vous entretenir m’a mené loin. Je finis. Il sied trop mal à un homme, qui blâme même les longues harangues, de faire de longues lettres. Adieu.