Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/18

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lisation française. Un riche citoyen de Rome était un grand seigneur[1] ; un tribun s’appelait colonel[2], et le préfet du trésor public devenait intendant des finances[3] : il n’y a pas jusqu’aux noms si naturels de toge et de tunique, qui ne fussent remplacés par ceux d’habit et de veste[4]. Cette méthode d’interprétation était d’autant moins convenable dans la traduction des Lettres de Pline, qu’elles sont, pour la science des antiquités latines, un monument précieux, où se trouvent fidèlement retracés les détails de la vie privée des Romains : en altérant ou en travestissant ces détails, on ôte à l’ouvrage de Pline toute son utilité : on fait plus, on couvre de l’autorité d’un grand nom de fausses notions et de grossières erreurs.

J’ai entrepris de corriger ces défauts ; non que je puisse, à l’égard de De Sacy, me prévaloir d’aucune supériorité de talent : mais, si je suis loin d’égaler le traducteur en connaissances et en génie, j’ai cependant pour moi un incontestable avantage ; celui de ma position. Je viens cent ans après lui : je profite de ses travaux, et de ceux qui ont été publiés depuis un siècle, soit pour établir le texte, soit pour l’interpréter. Enfin, s’il m’est permis de dire toute ma pensée, l’art de traduire, considéré en lui-même, me paraît avoir fait d’immenses progrès depuis vingt ans. Les siècles de l’éloquence et de la poésie ne sont pas ordinairement ceux des travaux d’érudition et de patience : on imagine alors

  1. Liv. III, lett. 9
  2. Liv. III, lett. 8.
  3. Liv. III, lett. 4.
  4. Liv. IV, lett. 16.