Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/183

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de l’avis de Collega, repassèrent tout à coup de l’autre côté, en sorte que Collega se trouva presque seul. Il exhala son chagrin en reproches amers contre ceux qui l’avaient engagé dans ce parti, principalement contre Regulus, qui n’avait pas le courage de suivre un avis dont il était l’auteur. Au fait, Regulus est un esprit si léger, qu’il passe en un moment de l’extrême audace à l’extrême crainte.

Voilà quel fut le dénouement de cette grande affaire. Il en reste toutefois un chef[1], qui n’est pas de petite importance : c’est ce qui regarde Hostilius Firminus, lieutenant de Marius Priscus, qui s’est trouvé impliqué dans cette accusation, et qui a eu de terribles assauts à soutenir. Il est convaincu par les registres de Martianus, et par la harangue qu’il fit dans l’assemblée des habitans de Leptis, d’avoir rendu d’infâmes offices à Marius, et d’avoir exigé cinquante mille deniers de Martianus : il est prouvé, en outre, qu’il a reçu dix mille sesterces, à titre de parfumeur, titre honteux, qui ne convient pas trop mal, cependant, à un homme toujours si soigneux de sa coiffure et de la douceur de sa peau[2]. On décida, sur l’avis de Cornutus, de renvoyer la discussion de cette dernière affaire à la séance prochaine ; car, soit hasard, soit remords, Hostilius était alors absent.

Vous voilà bien informé de ce qui se passe à la ville. Informez-moi à votre tour de ce qui se fait à la campagne : que deviennent vos arbres, vos vignes, vos blés, vos troupeaux choisis ? Comptez que si je ne reçois de vous une très-longue lettre, vous n’en aurez plus de moi que de très-courtes. Adieu.

  1. Un chef : AsiTQvpyiov. Les léiturges, chez les Athéniens, Kil-Tovpyoi , étaient des citoyens d’un rang et d’une fortune considérables ; ils étaient désignés par leur tribu, ou même par le peuple entier, pour remplir quelque charge pénible de la république, ou, dans les occasions pressantes, pour fournir aux dépenses extraordinaires que réclamait le salut de l’état : hsnnvpy iav signifie donc tout objet
  2. Si soigneux, etc. Il y a dans le texte latin pumicati, c’est-à-dire, passé à la pierre ponce : c’était un moyen d’adoucir la peau. (Voyez Ovide, De arte am. , 1, 5o6 ; Juvénal, viii, 16 ; xx, 95 ; Martial, xiv, 2o5, etc. )