Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/26

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après lui un Traité de la gloire : car on sait que Cicéron avait fait un ouvrage sur ce sujet, quoique son livre soit perdu ; il existait encore du temps de Pétrarque, qui en possédait un exemplaire, et qui le perdit par un malheur bien honorable à sa mémoire, pour l’avoir mis en gage dans le besoin pressant d’un homme de lettres, dont il ne pouvait soulager l’indigence que par ce sacrifice. C’est, de tous les ouvrages de Cicéron, celui dont on doit le plus regretter la perte. Personne ne devait parler plus éloquemment de la gloire que celui qui avait tout fait pour elle, qu’elle dédommageait et consolait de tout, qui pensait qu’aimer la gloire, c’est avoir le désir si louable de se dévouer aux nobles travaux dont elle est le prix, et qui, plus sincère que tant de prétendus sages, ne joignait pas à la passion de l’obtenir l’affectation de la dédaigner.

M. De Sacy écrivit donc aussi sur la gloire ; mais il n’eut pas autant de lecteurs que quand il avait écrit sur l’amitié. Son âme douce et modeste était plus faite pour connaître les besoins du sentiment que ceux de l’amour-propre, et le plaisir de vivre dans le cœur de son ami, que celui d’exister dans l’opinion des autres.

Cette âme honnête et pure mérita des amis parmi ceux mêmes qui ne paraissaient pas devoir l’être. M. De Sacy avait plaidé dans une affaire importante contre un académicien distingué, et avait même révélé, dans un mémoire, des faits peu agréables pour la partie adverse. L’offensé, qui connaissait les principes et les mœurs de M. De Sacy, sentit que, si son estimable agresseur lui avait porté des coups redoutables, c’était sans intention