Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/271

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nius Rufus et Libo Frugi, tous deux consulaires, déposèrent contre lui que, du temps de. Domitien, il avait plaidé pour les accusateurs de Salvius Liberalis. Norbanus fut condamné et relégué dans une île. Ainsi, lorsque j’accusai Casta, j’appuyai principalement sur le jugement de prévarication prononcé contre son accusateur. Mais j’appuyai inutilement ; car il arriva une chose toute nouvelle, et qui paraît impliquer contradiction : les mêmes juges qui avaient déclaré l’accusateur convaincu de prévarication, prononcèrent l’absolution de l’accusée.

Vous êtes curieux de savoir quelle fut notre conduite dans cette conjoncture : nous représentâmes au sénat, que nous tenions de Norbanus seul toutes nos instructions, et que, s’il était jugé prévaricateur, il nous fallait prendre des informations nouvelles. Après cela, pendant toute l’instruction de son procès, nous demeurâmes spectateurs. Pour lui, il continua d’assister à toutes les séances, et montra jusqu’à la fin, ou la même fermeté, ou la même audace.

J’examine si je n’omets pas encore quelque chose. Oui : j’allais oublier que, le dernier jour, Salvius Liberalis parla fortement contre tous les autres députés, leur reprochant d’épargner plusieurs personnes qu’ils avaient ordre d’accuser. Comme il a du feu et de l’éloquence, il les mit en danger. Je les défendis, parce que j’étais convaincu de leur probité : ils se montrent fort reconnais-sans, et ne se lassent pas de dire que je les ai sauvés d’une terrible tempête. Ce sera ici la fin de ma lettre. Je n’y ajouterai pas une syllabe, quand même je m’apercevrais que j’ai oublié quelque chose. Adieu.