Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/313

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publiques, toutes les fois que l’on m’élève à quelque nouvel honneur. Pour leur marquer ma reconnaissance (car il est honteux de se laisser vaincre en amitié), j’ai fait bâtir en ce lieu un temple à mes dépens. Comme il est achevé, je ne pourrais, sans impiété, en différer la dédicace. Nous y séjournerons donc le jour destiné à cette cérémonie, que j’ai résolu d’accompagner d’un grand repas. Peut-être demeurerons-nous encore le jour suivant ; mais nous n’en ferons ensuite que plus de diligence. Je souhaite seulement de vous trouver en santé, vous et votre fille : pour de la joie, j’ose être certain que vous en aurez, si nous arrivons heureusement. Adieu.

II. - Pline à Clemens.

Regulus vient de perdre son fils ; c’est la seule disgrâce qu’il pouvait n’avoir pas méritée, parce que je doute qu’il la sente. C’était un enfant d’un esprit pénétrant, mais équivoque : peut-être eût-il suivi la bonne route, s’il eût évité avec soin les traces de son père. Regulus l’émancipa, pour lui faire recueillir la succession de sa mère[1]. Après l’avoir acheté par ce bienfait (au moins, c’est ainsi que le caractère de l’homme en faisait parler), il briguait les bonnes grâces de son fils par une affectation d’indulgence, aussi rare que honteuse dans un père. Cela vous paraît incroyable ; mais songez, qu’il s’agit de Regulus.

Cependant il pleure son fils avec excès, Cet enfant

  1. Regulus l’émancipa, etc. Elle avait institué héritier son fils, au cas qu’il fût émancipé par son père. D. S. (Tant que le fils était sous la puissance paternelle, tous les biens qu’il pouvait acquérir ne lui profitaient pas ; ils profitaient à son père. Sans doute la mère, connaissant les moeurs de son mari, ne voulait pas qu’il profitât de l’institution d’héritier qu’elle faisait en faveur de son fils. Sa prudence fut trompée : Regulus hérita du fils qu’il avait perdu : c’est pour cela que Pline dit, en commençant,