Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/323

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VI. - Pline à Nason.

La grêle a tout détruit dans mes terres de Toscane. Celles qui sont situées au delà du Pô ont été plus heureuses : tout y abonde ; mais aussi tout s’y donne pour rien. Je ne puis compter que sur le revenu de ma terre de Laurente. Il est vrai que je n’y possède qu’une maison et un jardin : le reste n’est que sable ; et cependant, je le répète, c’est le seul bien sur le revenu duquel je puisse compter[1]. J’y écris beaucoup ; et, si je ne puis y cultiver des terres que je n’ai pas, j’y cultive au moins mon esprit. Ailleurs, je vous ferai voir des granges pleines ; ici, des porte-feuilles bien remplis. Ainsi, voulez-vous un fonds de terre d’un produit riche et certain ? venez acheter sur ce rivage. Adieu.

VII. - Pline à Lepidus.

Je vous le répète souvent ; Regulus a de l’énergie : il réussit d’une manière surprenante à tout ce qu’il veut bien. Il s’est mis en tête de pleurer son fils : il le pleure mieux qu’homme du monde. Il lui a pris fantaisie d’en avoir nombre de statues et de portraits : vous ne voyez plus les sculpteurs et les peintres occupés d’autre chose. Couleurs, cire, cuivre, argent, or, ivoire, marbre, on met tout en œuvre pour nous représenter le fils de Regulus.

  1. C’est le seul bien, etc. Il est évident que solum mihi in reditu a le même sens ici que solum mihi Laurentinum meum in reditu : c’est une répétition qui ne manque pas de grâce. Pourrait-on croire qu’après avoir traduit la première de ces deux phrases par je ne puis compter que sur le revenu de ma terre de Laurentin, De Sacy traduit ainsi la seconde : le terrain n’est pourtant pas ingrat pour moi ; c’est-à-dire qu’il prend le second solum pour un substantif ? On ne peut faire un contresens plus formel.