Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/35

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Comme je ne veux point de querelle, je ne prétends point m’en faire ici avec ceux qui ne trouvent ni moins d’agrément, ni moins d’utilité dans les Lettres de Cicéron, et qui leur adjugent même la préférence.

Cette question demanderait plus d’étendue que n’en souffre une préface. D’ailleurs, je ne m’oublie pas jusqu’à croire qu’il m’appartienne de décider. Chacun peut donc en juger ce qu’il lui plaira. Mais si ceux pour qui j’ai déclaré avoir entrepris ma traduction, me pressent de leur dire mon avis, il me paraît plus de génie dans les Lettres de Cicéron, plus d’art dans celles de Pline. Le premier se pardonne quelquefois plus de négligence ; le second souvent laisse voir trop d’étude. On lit dans Cicéron grand nombre de lettres, dont il semble que la postérité se serait bien passée ; il en est peu dans Pline dont elle ne puisse profiter. Plus de grands événemens, plus de politique dans les unes ; plus de sentimens, plus de morale dans les autres. L’un est peut-être un meilleur modèle de bien écrire, l’autre de bien vivre. Enfin, les Lettres de Cicéron nous apprennent, mieux que toutes les histoires, à connaître les hommes de son siècle, et les ressorts qui les remuaient ; les Lettres de Pline, mieux que tous les préceptes, apprennent aux hommes de tous les siècles à se connaître et à se régler eux-mêmes.

Voilà, selon moi, ce que l’on peut rapporter de plus précieux du commerce de Pline. Voilà l’unique objet de