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LETTRES

DE PLINE LE JEUNE. LIVRE CINQUIÈME.

I. - Pline à Sévère.

On vient de me faire un petit legs, que j’estime plus qu’un legs considérable. Vous demandez pourquoi ? Le voici. Pomponia Gratilla ayant déshérité son fils Assudius Curianus, m’institua héritier avec Sertorius Severus, l’ancien préteur, et avec quelques chevaliers romains, distingués dans leur ordre. Curianus me pressa de vouloir bien lui donner ma part dans la succession, et d’établir par-là un préjugé en sa faveur contre mes cohéritiers ; mais en même temps il m’offrait de me laisser, par une stipulation particulière, cette même portion que je lui donnerais. Je lui répondis qu’il ne convenait pas à mon caractère de feindre publiquement une chose, et d’en faire une autre en secret ; que d’ailleurs je ne croyais pas qu’il fût honorable de faire une donation à un homme riche et sans enfans ; qu’enfin[1] cette donation serait inutile à ses desseins ; qu’au contraire, un désistement de mon droit les favoriserait beaucoup, et que

  1. Qu’enfin, etc. L’expression de Pline, in summa, est employée dans le sens de ad summam, comme dans cette phrase deJustin, liv. xiii, vers la fin : Diu mutuis vulneribus acceptis colluctatus est : in summa victus occumbit.