Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/429

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reçoivent, ainsi que la chambre, ceux qui sont fatigués de la promenade. Près de ces siéges, sont de petites fontaines ; et dans tout le manége vous entendez le doux murmure des ruisseaux qui, dociles à la main de l’ouvrier, suivent par de petits canaux le cours qu’il lui plaît de leur donner. Ainsi on arrose tantôt certaines plantes, tantôt d’autres, quelquefois toutes en même temps.

J’aurais abrégé depuis long-temps ces détails, qui vous paraîtront minutieux, si je n’eusse résolu de parcourir avec vous, dans cette lettre, tous les coins et recoins de ma maison. J’ai pensé que vous deviez lire sans ennui la description d’un lieu que vous auriez du plaisir à voir ; étant libre surtout d’interrompre votre lecture, de laisser là ma lettre, de vous reposer à loisir. D’ailleurs, j’ai cédé à mon penchant ; et j’avoue que j’en ai beaucoup pour tous mes ouvrages commencés ou achevés. En un mot (car pourquoi ne pas vous découvrir mon goût, ou, si vous voulez, mon entêtement ? ), je crois que la première obligation de tout homme qui écrit, c’est de songer à son titre : il doit plus d’une fois se demander, quel est le sujet qu’il traite, et savoir que, s’il n’en sort point, il n’est jamais long ; mais qu’il est toujours très-long, s’il s’en écarte. Voyez combien de vers Homère et Virgile emploient à décrire, l’un les armes d’Achille, l’autre celles d’Enée. Ils sont courts pourtant, parce qu’ils ne font que ce qu’ils s’étaient proposé de faire. Voyez Aratus rechercher et rassembler les plus petites étoiles : cependant il ne s’étend point trop ; car ce n’est point une digression de son ouvrage ; c’est son sujet même. Ainsi, du petit au grand, dans la description que je vous fais de ma maison, si je ne m’égare point en