la dernière extrémité, sans que ni la longueur de la maladie, ni la crainte de la mort aient pu l’abattre, comme pour augmenter encore et notre douleur et nos regrets.
Ô mort vraiment funeste et déplorable ! ô circonstance plus funeste et plus cruelle que la mort encore ! Elle allait épouser un jeune homme distingué : le jour des noces était fixé ; nous y étions déjà invités. Hélas ! quel changement ! quelle horreur succède à tant de joie ! Je ne puis vous exprimer de quelle tristesse je me suis senti pénétré, quand j’ai appris que Fundanus, inspiré par la douleur toujours féconde en tristes inventions, a donné ordre lui-même, que tout l’argent qui devait être dépensé en parures, en perles, en diamans, fût employé en encens[1], en baumes, et en parfums. C’est un homme savant et sage, dont la raison s’est formée de bonne heure par les études les plus profondes ; mais aujourd’hui il méprise tout ce qu’il a entendu dire, tout ce que souvent, il a dit lui-même ; il oublie toutes ses vertus, pour ne plus se souvenir que de sa tendresse.
Vous lui pardonnerez, vous l’approuverez même, quand vous songerez à la perte qu’il a faite : il a perdu une fille qui, par son âme, autant que par les traits de son visage, était le vivant portrait de son père[2]. Si donc vous lui écrivez sur la cause d’une douleur si légitime, souvenez-vous de mettre moins de raison et de force, que de douceur et de sensibilité dans vos consolations. Le temps contribuera beaucoup à les lui faire goûter : une blessure, encore vive, redoute la main qui la soigne ; ensuite elle la supporte, et enfin elle la désire : ainsi, une affliction nouvelle se révolte d’abord contre les con-