Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/469

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XX. Pline à Ursus.

Peu de temps après le jugement de Julius Bassus[1], les Bithyniens formèrent une nouvelle accusation contre Varenus, leur proconsul, celui-là même qui, à leur prière, leur avait été donné pour avocat contre Bassus. Lorsqu’ils eurent été introduits dans le sénat, ils demandèrent l’information : Varenus, de son côté, réclama la faculté de faire entendre les témoins qui pouvaient servir à sa justification. Les Bithyniens s’y étant opposés, il fallut plaider. Je parlai pour lui avec succès ; si je parlai bien ou mal, c’est au plaidoyer même à vous l’apprendre. La fortune a toujours sur l’événement d’une cause une influence heureuse ou funeste. La mémoire, le débit, le geste, la conjoncture même, enfin les préventions favorables ou contraires à l’accusé, donnent ou enlèvent à l’orateur beaucoup d’avantages ; au lieu que le plaidoyer, à la lecture, ne se ressent ni des affections ni des haines ; il n’y a pour lui ni hasard heureux ni circonstance défavorable.

Fonteius Magnus, l’un des Bithyniens, me répliqua, et dit très-peu de choses en beaucoup de paroles. C’est la coutume de la plupart des Grecs : la volubilité leur tient lieu d’abondance. Ils prononcent tout d’une haleine et lancent avec la rapidité d’un torrent les plus longues et les plus froides périodes. Cependant, comme dit agréablement Julius Candidus, loquacité n’est pas éloquence. L’éloquence n’a été donnée en partage qu’à un homme ou

  1. Peu de temps après le jugement de Julius Bassus, etc. L’éditeur de la traduction avait admis dans le texte, iterum Bithyni (breve tempus a Julio Basso) et Rufum, etc. : je trouve dans Schæfer, iterum Bithyni, post breve tempus a Julio Basso, etiam Rufum, etc. La leçon que je rejette était empruntée à l’édition romaine d’Heusinger. — ( Voyez iy, 9. )