Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/50

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les peuples dans la tranquillité par ses jugemens. Il ne songea point à s’attirer le respect par le faste de ses équipages, par la difficulté de son accès, par son dédain à écouter, par sa dureté à répondre ; mais une simplicité majestueuse, un accès toujours libre, toujours ouvert, une affabilité qui consolait des refus nécessaires, une modération qui ne se démentit jamais, lui concilièrent tous les cœurs. Enfin, il prit pour lui les conseils que, dans une de ses lettres, il donne à son ami Maxime, envoyé pour gouverner l’Achaïe, et pour en réformer les désordres.

Si quelquefois une affaire, plus difficile ou plus importante, semblait demander les lumières et la décision du souverain, il la lui renvoyait. Mais alors, en homme qui cherchait sincèrement la justice, et non pas la confirmation de son avis, il ne se contentait pas d’en faire un simple rapport. Dans la défiance où il était que, malgré sa droiture, ce rapport ne tînt toujours de la première impression qu’il avait prise, et ne tendît à la communiquer, il envoyait les mémoires mêmes des parties et leurs titres, afin que le prince, libre de toute prévention étrangère et pleinement instruit, pût juger comme s’il les avait entendues.

Revenu à Rome, il reprit les affaires et ses emplois. Juge, quand les lois l’y engageaient, avocat, quand l’intérêt public, le besoin de ses amis, ou l’honneur le demandaient, souvent appelé au conseil du prince, assidu au sénat, il remplit toujours fidèlement toute la mesure des devoirs que la patrie a droit d’exiger d’un bon citoyen.

Tant de vertus lui acquirent la bienveillance de Trajan. Il était sûr d’en obtenir toutes les grâces qu’il lui