Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/59

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raient la même carrière. Personne ne soutenait plus que lui les jeunes avocats de son temps dans l’exercice de leur ministère ; personne n’encourageait davantage les auteurs, et ne revoyait leurs écrits avec une envie plus sincère de les porter à la dernière perfection. En un mot, amoureux de la gloire, jamais il n’en fut jaloux, et il traita ses rivaux en frères et non pas en ennemis.

Son inclination et son attachement à l’étude passent ce qu’on pourrait en dire. Il y employait tout ce qui lui restait de temps, après que les devoirs publics étaient remplis. Dès que les affaires le permettaient, il fuyait à la campagne, non pour se délasser, mais pour composer, pour étudier plus librement et sans interruption. Là, comme il était maître de lui, rien n’était plus rangé, plus ordonné que sa vie. Il ne s’occupait que du soin de la prolonger, soit par le bon usage qu’il en faisait, soit en travaillant à des ouvrages, qui pussent le faire vivre d’une manière plus noble et plus glorieuse dans les siècles à venir. S’il se promenait, c’était avec un livre, ou avec des personnes dont les conversations valaient des livres. S’il était à table, on lisait pendant le repas, ou bien l’on récitait des vers. Le temps même de la chasse n’était pas exempt de méditations et de réflexions solides. Enfin, toutes ses heures étaient remplies, tous ses momens mis à profit

Il vantait fort le plaisir de ne rien faire, et jamais homme ne le goûta moins. Le changement de travail était son unique repos. Tantôt il composait des plaidoyers et des harangues ; tantôt il écrivait quelque morceau d’histoire : quelquefois il traduisait ; souvent, il s’amusait à faire des vers. Il aimait à lire devant des gens de lettres assemblés ce qu’il avait composé, moins pour y