Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/79

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sangliers, mais des plus grands. Quoi ! lui-même, dites-vous ? Lui-même. N’allez pourtant pas croire qu’il en ait coûté beaucoup à ma paresse. J’étais assis près des toiles ; ni épieu ni dard sous ma main ; rien qu’un poinçon et des tablettes. Je rêvais, j’écrivais, et je me préparais la consolation de remporter mes pages[1] pleines, si je m’en retournais les mains vides. Ne méprisez pas cette manière d’étudier. Vous ne sauriez croire combien le mouvement du corps donne de vivacité à l’esprit ; sans compter que l’ombre des forêts, la solitude, et ce profond silence qu’exige la chasse, sont très-propres à faire naître d’heureuses pensées. Ainsi, croyez-moi, quand vous irez chasser, portez votre pannetière et votre bouteille ; mais n’oubliez pas vos tablettes. Vous éprouverez que Minerve ne se plaît pas moins que Diane sur les montagnes. Adieu.


VII. - Pline à Octavius Rufus.

Savez-vous que vous me placez bien haut, et que vous me donnez autant de pouvoir qu’Homère en accorde au grand Jupiter[2] ?

Le dieu N’accueille, en l’exauçant, qu’une part de son vœu.

Car je puis, comme Jupiter, répondre à vos vœux, en accueillant l’un, et en rejetant l’autre. S’il m’est permis, pour vous complaire, de refuser mon ministère à la province de Bétique contre un homme qu’elle accuse, la loyauté, la constance de principes, que vous estimez

  1. Autant de pouvoir qu’Homère en accorde, etc. {Iliade, xvi, 250). De Sacy s’est imaginé que c’était Rufus qui avait cité à Pline le vers d’Homère : c’est un contresens, dont la fin de la lettre aurait dû l’avertir : car pour accorder cette phrase, cur enim non usquequaque, etc. , avec la première de la lettre, il a été obligé de traduire usquequaque par aussi.